Alors qu'il s'était dans un premier temps résigné à n'investir personne pour la bataille de Paris aux municipales de 2020, le Rassemblement national (RN) pourrait revoir sa copie et finalement choisir de propulser l'une de ses figures internes : Jean Messiha. La commission d'investiture, qui se réunira les 3 et 4 septembre, va en effet étudier la «précandidature» de l'énarque, peu connu du grand public, mais qui «monte au sein du parti», résume un proche de Marine Le Pen. Il est membre du bureau national du RN, et délégué national en charge des études. L'une des rares «têtes pensantes» du parti. Et, surtout… il est volontaire.
«Etre présent partout, indépendamment des villes gagnables»
La formation lepéniste n'a jamais fait de miracles aux municipales à Paris. En 2014, le trésorier de l'ancien Front national, Wallerand de Saint-Just, avait réuni 6,26% des voix, loin des scores nationaux du parti. Et comme il a décidé de raccrocher, le RN avait décidé de ne même pas briguer la mairie pour préférer s'allier à une démarche extérieure, en soutenant la liste «Aimer Paris» de Serge Federbusch – un proche de Wallerand de Saint-Just, encore moins connu que Messiha, et issu de la «droite hors les murs». Mais le choix ne collait pas avec la stratégie affichée du parti d'extrême droite, qui, lors du lancement de sa campagne pour les municipales, mi-juin à La Rochelle, avait certes prévenu qu'il n'irait «pas faire de la figuration dans des communes où (il) a peu de chances d'être élu», tout en affirmant vouloir «être présent partout, le plus possible, indépendamment des villes gagnables». «Notre stratégie est à long terme dans les villes où nous avons peu de chances d'être en tête, car nous allons faire en sorte d'avoir la meilleure opposition possible», avait également expliqué Marine Le Pen. Ce qui est peu raccord avec la situation parisienne, puisque le parti n'a jamais obtenu de conseiller de Paris, sauf en 1995. Mais «on s'est dit qu'abandonner cette fois, ça voulait aussi dire le faire pour toujours, mais le "premier parti de France" ne peut pas être absent de sa capitale, c'est impensable», dit un haut gradé du RN.
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«Les combats qu'on est sûr de perdre sont ceux qu'on ne tente pas de mener», philosophe Messiha auprès de Libé. Il ajoute : «Quand il n'y a rien à gagner, c'est comme à l'armée, on te dit "tu es le mieux placé pour cette mission".» Et s'emballe : «J'incarne une trajectoire, et j'ai le profil parfait pour Paris. Je suis cosmopolite, je parle trois langues, j'étais étranger jusqu'à l'âge de mes 20 ans [il est d'origine égyptienne, ndlr]. Et ces derniers temps, j'ai pris une surface médiatique».