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Municipales

Le candidat RN qui voulait former «les enfants au tir face aux islamistes»

Christophe Marécaux, adhérent du parti d'extrême droite depuis trente ans et candidat aux municipales dans le Pas-de-Calais, a proposé d'«instruire les adultes et des enfants au tir de défense, face aux menaces islamistes». Mais Marine Le Pen a trouvé l'idée «stupide».
En Pennsylvanie, en octobre 2019. (Photo Spencer Platt. AFP)
publié le 3 février 2020 à 18h06

Le RN va convoquer sa tête de liste aux municipales à Guînes (Pas-de-Calais), Christophe Marécaux, en vue d'un passage en commission de discipline. Le candidat s'étant rendu coupable d'un petit dérapage susceptible d'écailler le vernis de respectabilité que veut se donner le parti d'extrême droite : le 26 janvier, il a publié sur Internet un message proposant de former «les enfants au tir face aux menaces islamistes»… Le porte-parole du RN, Sébastien Chenu, a annoncé lundi que son cas allait bientôt être étudié par la direction du parti. «L'instruction des adultes et des enfants au tir de défense, face aux menaces islamistes présentes et futures n'est-elle pas une nécessité ?» avait écrit Marécaux sur sa page Facebook de conseiller régional. Le post en question était toujours en ligne lundi après-midi. Pour la petite histoire, son auteur sortait tout juste de l'assemblée générale de l'association «la Patriote tir», un club de tir de Guînes, quand il a eu l'idée d'écrire ces mots.

La chose aurait pu passer inaperçue si la presse locale ne l'avait pas relayée ce week-end, et si Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, où est élu Marécaux – mais aussi Marine Le Pen et Sébastien Chenu –, ne s'était pas étranglé lundi matin sur BFMTV. Le LR a condamné des propos «dangereux», et demandé : Marine Le Pen, «elle est où là ? Elle est aux abonnés absents ? Il faut qu'elle s'exprime là-dessus. Le RN exploite la colère et la peur des gens.» Du coup, l'ancienne candidate à la présidentielle a réagi, et trouvé la proposition de son candidat, qu'elle découvrait, «stupide».

«Une arme, ça n’est pas dangereux»

Quand il a été interrogé dimanche par France 3 pour justifier ses propos, l'homme, un ancien militaire, adhérent de l'ex-Front national depuis trente ans, en avait rajouté une couche : «L'Etat n'assure plus ses missions régaliennes, nous ne sommes plus en sécurité. On va pas se laisser égorger comme des cochons». Et de préciser au passage qu'il avait plus souhaité lancer un débat qu'armer les enfants en vrai… Lundi, plusieurs élus RN se sont énervés. Jean-Louis Roux, conseiller régional des Hauts-de-France, a écrit un texto à Chenu, pour lui dire : «Raz-le-bol qu'à chaque élection, quelqu'un sorte une connerie au risque de plomber la campagne… Irresponsable !»

Interrogé par Libé, un collègue à la région explique, au sujet de Marécaux (qui n'a pas souhaité répondre à nos questions) que le type est «un gars à l'ancienne» peu raccord avec la stratégie de dédiabolisation de la formation lepéniste : «C'est plus un "Jean-Marie" qu'un "Marine". Ça ne me surprend pas plus que ça de lui. Ce n'est pas un gars méchant, mais c'est un extrémiste.» Une femme, elle aussi à la région, a quand même voulu prendre la défense du gus, sous couvert d'anonymat : «il n'a pas mesuré l'ampleur que son [post Facebook] pouvait prendre. Il n'a pas compris. Ça n'est pas un type violent ni malveillant. C'est un mec qui emmène ses enfants à la chasse. Pour lui, une arme, ça n'est pas dangereux, c'est une protection. C'est une question d'autodéfense.» Elle accuse le coup, aussi : «En ce moment, tout le monde est sous tension. Même Macron parle de "guerre" contre l'islamisme. Pas étonnant qu'il y ait des dérapages.» Et plaide pour l'indulgence du RN : «[Marécaux] n'est pas un nouveau, ni un débutant. Il est conseiller régional, il a milité toute sa vie pour le parti, c'est sa première connerie en trente ans. Il ne mérite pas d'être cloué au pilori du jour au lendemain. Ou alors faudrait lui trouver une porte de sortie honorable !»