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Libération
Découvert

Le RN sommé de rembourser les 9 millions d'euros de son prêt russe

Le Rassemblement national va devoir s'expliquer devant une juridiction russe sur le non remboursement d'un prêt contracté en 2014, alors que ses finances sont déjà dans une situation catastrophique.
Marine Le Pen à Nantes lors dune conférence de presse de soutien aux candidats pour les prochaines élections municipales, le 23 janvier. (LOIC VENANCE/Photo Loic Venance. AFP)
publié le 5 février 2020 à 16h19

La nouvelle tombe mal pour les finances du Rassemblement national, déjà en berne. Alors que le parti d'extrême droite est déjà forcé par la justice française à rembourser 4,2 millions d'euros à Jean-Marie Le Pen – la somme, destinée à la société Cotelec, va être amputée sur ses aides publiques annuelles –, voilà qu'on lui réclame 9,14 millions d'euros d'un prêt contracté en 2014 avec une banque russe. La société Aviazapchast, qui détient aujourd'hui la créance, a effectivement porté plainte devant la justice de son pays pour «recouvrement de crédit impayé», peut-on lire sur un document disponible sur le site de la cour d'arbitrage de Moscou et révélé lundi par Mediapart. La procédure a été lancée le 10 décembre 2019, et l'affaire doit être étudiée en première instance le 2 juin à Moscou.

Contacté par plusieurs médias, le trésorier du Rassemblement national, Wallerand de Saint-Just, qui a dit à Libération ne «jamais répondre aux journalistes concernant les finances du parti», a expliqué que sa formation avait «de bonnes relations» avec Aviazaptchast. «Nous sommes en train de le rembourser», a-t-il ajouté. Et «le créancier a été contraint d'entamer cette procédure pour remplir un certain nombre d'obligations». Selon les clauses du contrat de prêt de 2014, le parti de Marine Le Pen devait rendre les 9 millions d'euros en une seule fois, fin septembre 2019 au plus tard, après le paiement de taux d'intérêt de 6%.

«Assassiner le mouvement»

Or le RN, criblé de dettes à hauteur d'au moins 22 millions d'euros, n'a pas les moyens : s'il devait rembourser ce prêt, le parti pourrait se retrouver en cessation de paiements. Interrogé par l'AFP, Wallerand de Saint-Just a répondu que le créancier n'avait «aucun intérêt à poursuivre dans cette voie puisqu'il voit qu'on le rembourse».

Dans le rouge, donc, à cause de «pertes cumulées importantes», selon son trésorier, le RN doit en outre rembourser cette année 4,2 millions d'euros au microparti Cotelec de Jean-Marie Le Pen sur son aide publique annuelle. Fin janvier, le ministère de l'Intérieur a validé la demande du cofondateur du parti d'extrême droite de récupérer la somme, prêtée à sa fille pour sa campagne présidentielle de 2017. Le remboursement devrait intervenir vers «fin février, début mars», au moment de l'octroi de l'aide publique par l'Etat au RN, qui s'élève à 5,5 millions d'euros, selon une source interne au parti. Cotelec avait prêté plus de 6 millions d'euros à la présidente du Front national – lequel, depuis cette date, restait débiteur vis-à-vis de Cotelec.

Le parti de Marine Le Pen attend d'autres décisions de justice qui pourraient faire plonger ses finances si elles étaient suivies : dans le procès «Jeanne» pour financement illégal de campagne, le parquet a requis une amende de 500 000 euros contre le Rassemblement national. Anticipant la décision, ce dernier a lancé un appel aux dons de ses adhérents. En juillet 2018, il en avait fait de même, lorsque des juges d'instruction avaient décidé de retenir 2 millions d'euros de ses subventions publiques dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Marine Le Pen avait alors dénoncé une «volonté» de la justice «d'assassiner» son mouvement.