«Ici, c’est un peu comme vivre dans un village où tous les habitants partageraient les mêmes valeurs. Sauf qu’au lieu d’être à la campagne, c’est en pleine ville !», sourit Pablo Fonte, 43 ans malgré des airs juvéniles. De son salon, la vue n’est pas la plus bucolique du monde : des rocades routières à gogo, un tronçon vers l’autoroute du sud, les tours et les barres de la lointaine banlieue, et, juste devant, un immense centre commercial Mercadona. Pourtant, cet entourage peu amène ne lui importe guère, ni lui ni les seize autres familles avec qui il partage le même édifice de ce quartier populaire d’Usera, à deux pas de la «M30», le périphérique madrilène. Vu de la rue, le bâtiment en question attire l’œil : des balcons sur quatre niveaux surmontés d’une immense terrasse collective, une paroi peinte en rose couverte de filaments en métal destinés à être couverts de plantes. Pablo le dit, et bien d’autres ici aussi : «Vivre ici, c’est le mieux qui me soit arrivé dans la vie !»
Un autre locataire l’exprime autrement : «Longtemps, j’ai tenté de penser comment vivre, désormais je vis comme je pense.» Ce projet qui pendant deux décennies n’a été qu’une utopie est désormais réalité : le projet «Entrepatios» est le premier cohousing (un concept où l’architecture est au service de la question sociale) soutenable édifié sur terrain privé dans la capitale, autrement dit une coopérative écosociale où le logement n’est propriété de personne. Le