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Libération
Bataille navale

A Marseille, des canoës empêchent les navires de croisières d’entrer dans le port

Une douzaine d’embarcations du collectif Stop croisières et d’Extinction Rebellion ont bloqué ce samedi 21 septembre au matin l’entrée du terminal croisière dans le port de Marseille pour dénoncer la pollution générée par ces bateaux.
Lors d'une précédente action contre les navires de croisière à Marseille, en 2019. (Patrick GHERDOUSSI/Photo Patrick Gherdoussi pour Li)
publié le 21 septembre 2024 à 8h56

De petites embarcations contre de gros bateaux. Une vingtaine de membres du collectif Stop croisières et Extinction Rebellion ont bloqué ce samedi 21 septembres à l’aide d’une douzaine de canoës l’entrée du terminal croisière dans le port de Marseille pour dénoncer la pollution générée par ces navires. En 2023, la cité phocéenne a accueilli 2,5 million de croisiéristes, selon l’observatoire du tourisme de la ville de Marseille.

Vers 7 heures du matin, le navire Aidastella, de la compagnie allemande Aida, a dû faire demi-tour, douze canoës s’étant positionnés à l’entrée de la rade nord de Marseille, l’empêchant ainsi d’entrer dans le port. Ce navire d’une capacité d’environ 2 000 personnes a dû attendre à proximité, le temps que la gendarmerie déloge «une dizaine de kayakistes» et annonce la réouverture du port vers 9 heures. Deux autres navires de croisières dont le MSC World Europa, 6e plus gros paquebot au monde (plus de 2 600 cabines, 6 000 passagers, 13 restaurants, un centre commercial) et le Costa Smeralda doivent arriver à Marseille ce samedi matin.

Stop croisières dénonce «la pollution de l’air causé par ces navires, véritables villes sur l’eau», avec un impact «négatif sur la santé des populations et la biodiversité marine». Le collectif dénonce aussi les conditions de travail à bord.

39 % des émissions de dioxyde d’azote liées aux activités maritimes à Marseille

Le collectif Stop croisières est le fruit d’une prise de conscience pendant la crise du Covid-19. «Quand partout en France on voyait des vidéos de la nature qui reprend ses droits, des petits oiseaux en ville et autres images pittoresques, certains quartiers de Marseille enregistraient un air encore plus pollué, du fait du nombre de bateaux de croisières confinés à quai et obligés de faire tourner leur moteur», explique Andrea, un de ses membres qui préfère rester anonyme par crainte des poursuites judiciaires.

L’hostilité grandit en Europe face à l’industrie des croisières, source de revenus pour les villes escales mais jugée nuisible à la santé des riverains et à l’environnement. Ces dernières années, Venise ou Amsterdam ont interdit leur centre-ville aux géants des mers.

A Marseille, des associations et des riverains du port ont déposé une plainte contre X contre les impacts des pollutions liées au trafic maritime dans les installations portuaires, les seuils de pollution atmosphérique autorisés par la législation européenne étant régulièrement dépassés sur l’agglomération. Les activités maritimes sont responsables de 39 % des émissions de dioxyde d’azote (NOx, un polluant de l’air) dans la métropole marseillaise, juste derrière le trafic routier (45 %), selon AtmoSud, organisme de mesure de la qualité de l’air.

Mise à jour : à 10h35 avec l’intervention de la gendarmerie.