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Répression

Autoroute A69 : la dernière ZAD des opposants au projet définitivement évacuée

Les gendarmes ont délogé une quinzaine de personnes qui étaient venues au soutien des militants perchés dans des arbres, lundi 7 octobre, à Verfeil (Haute-Garonne). Tous les activistes en hauteur sont redescendus.
Dans la ZAD du «Verger», à Verfeil, le 26 septembre. (Matthieu Rondel/AFP)
publié le 7 octobre 2024 à 18h11
(mis à jour le 8 octobre 2024 à 18h25)

Après trois longues semaines d’opérations policières, l’évacuation de la dernière zone à défendre (ZAD) sur le tracé de la future autoroute A69 a pris fin. Au «Verger», à Verfeil (Haute-Garonne), une poignée d’«écureuils», ces militants qui s’accrochent aux arbres pour les défendre, tenaient bon depuis le 16 septembre, date à laquelle la dernière locataire du terrain avait rendu les clés au concessionnaire de l’autoroute, Atosca. Mais lundi 7 octobre dans la soirée, «les cinq écureuils du Verger ont posé pied à terre», a annoncé le collectif de militants anti-A69.

Un peu plus tôt dans la journée, une quinzaine de personnes, dont de nombreux soutiens à la cause, avaient été interpellées et placées en garde à vue lors d’une nouvelle opération de démantèlement de la ZAD qui se trouve sur le ruban de bitume de 53 kilomètres en construction entre Toulouse et Castres.

«Des personnes venues en soutien aux «écureuils» étaient sur la parcelle voisine d’un agriculteur sur laquelle nous faisions la vigie, avec son accord», témoigne Camille (1), un militant sur place et contacté par Libération. «Nous nous doutions qu’une grosse opération allait avoir lieu ce lundi, et du monde était venu en appui, notamment une maman dont la fille était dans un arbre.» D’après lui, les gendarmes sont intervenus un peu avant 8 heures, embarquant «tout le monde, même les tentes, les bâches et les chaises» sans aucune notification préalable.

Depuis vendredi, les pelleteuses, camions-bennes et bulldozers du concessionnaire ont accumulé de la terre au pied de ces deux noyers, «les enterrant» pratiquement selon Camille, rendant lundi après-midi accessibles les cabanes dans lesquelles les cinq «écureuils» anti-A69 se trouvaient, à une dizaine de mètres de hauteur. Parmi eux, deux ont été placés en garde à vue pour avoir refusé de donner leur identité, selon les militants.

Travaux déclarés «d’intérêt général»

Perchés depuis trois semaines et sans ravitaillement depuis deux jours, les «écureuils» sont restés en hauteur malgré de nombreuses interventions de la Cnamo, une unité de la gendarmerie spécialisée dans l’évacuation de manifestants accrochés ou entravés. La semaine passée, les activistes qui occupaient la maison sur ce terrain avaient déjà été évacués. Les deux autres ZAD sur le tracé de l’A69 ont également été démantelées début septembre, lors desquels plusieurs militants étaient tombés d’une dizaine mètres de hauteur.

Cette intervention se déroule alors que le tribunal administratif de Toulouse a rendu lundi un jugement ordonnant «à tous les occupants» sur place «d’évacuer les lieux», «sans délai», arguant que les travaux de l’autoroute ont été «déclarés d’intérêt général». Dans sa décision, la juridiction considère «que la mesure d’expulsion sollicitée présente un caractère d’urgence et d’utilité et ne se heurte à aucune contestation sérieuse».

Selon les porteurs du projet, la future A69 a pour objectif de «désenclaver» le territoire, en gagnant vingt minutes de trajet, moyennant 17 euros. Des collectifs et mouvements écologistes dénoncent la destruction de zones humides, terres agricoles, arbres, écosystèmes et nappes phréatiques, et soulignent que l’actuelle route nationale est loin d’être saturée.

Mise à jour : ce mardi 8 octobre à 18h25, avec l’ajout de la fin de l’opération d’évacuation.