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Répression

A69 : le préfet du Tarn interdit le week-end de mobilisation, intervention de gendarmes près d’un camp d’opposants

Les services de l’Etat ont décidé d’interdire ce vendredi 9 février le rassemblement prévu samedi et dimanche pour des «risques de troubles majeurs à l’ordre public». Les forces de l’ordre tentent de déloger les militants présents sur la ZAD.
A Saïx, lors d'une précédente mobilisation, le 22 avril 2023. (Marion Vacca/Libération)
publié le 9 février 2024 à 16h00

A la veille d’un week-end de mobilisation contre l’A69, l’Etat montre ses muscles. Le préfet du Tarn a annoncé, ce vendredi 9 février, avoir «pris un arrêté d’interdiction de manifestation et de rassemblement» samedi et dimanche à Saïx, où des militants anti-autoroute ont appelé à un «événement majeur de mobilisation» sur un terrain privé proche du tracé de l’autoroute controversée. Dans le même temps, les forces de l’ordre tentaient, ce vendredi après-midi, de déloger des militants à proximité. «Il s’agit d’une opération de sécurisation de la voie publique», impliquant «un escadron de gendarmerie (90 gendarmes)», a précisé un responsable de la préfecture, qui a indiqué que des «affrontements» avaient lieu sur place, sans donner plus de détails dans l’immédiat.

Michel Vilbois, le préfet du département, évoque dans un communiqué «des risques de troubles majeurs à l’ordre public» pour justifier sa décision, prise à la suite d’un «appel à rassemblement sur les réseaux sociaux contre le projet A69». Un collectif d’opposants à l’autoroute A69, dont le chantier se poursuit entre Toulouse et Castres, appelle à participer à «La Cabanade», un moment qui devrait permettre de «renforcer les lieux d’occupation avec des projets de constructions, des tables rondes, des concerts et des repas collectifs», selon les organisateurs.

Reprise des coupes d’arbres

Cet événement est prévu aux alentours de la zone à défendre (ZAD) de la Crém’arbre à Saïx, lieu d’occupation au sol et dans les arbres, situé dans le dernier bois sur le tracé de l’A69, précise le collectif. C’est là que les gendarmes s’affairent déloger des militants ce vendredi après-midi. «Expulsion totale ou intimidation avant le week-end ?» s’interroge le collectif.

Selon les activistes, la reprise de la coupe d’arbres - prévue le 15 février - est «illégale» car celles-ci ne sont «autorisées qu’entre le 1er septembre et le 15 novembre sur des zones à fort enjeu écologique telles que le bois de la Crém’arbre». «La Cabanade» doit se tenir dans un champ prêté aux manifestants par un agriculteur, à proximité d’un hangar à foin et d’une étable avec quelques vaches. Des préparatifs étaient en cours vendredi sur le champ : installation de toilettes sèches, de barnums et de fléchages, etc.. D’ailleurs, la célèbre militante écologiste suédoise Greta Thunberg, devrait rejoindre la mobilisation samedi 10 février. Elle serait attendue à midi, selon les informations de France 3 Occitanie.

«Nous maintenons l’événement car il s’agit d’un événement privé sur un terrain privé», affirme Paul, l’un des porte-parole du collectif, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille, après l’annonce de l’interdiction préfectorale. Des élues du parti Les Ecologistes, l’eurodéputée Caroline Roose et la députée de Haute-Garonne Christine Arrighi, ont annoncé leur participation à la mobilisation du week-end, le collectif évoquant également la présence de «personnalités médiatiques», sans plus de précision.

Une centaine de personnes sur place

«J’émets de très sérieux doutes quant à l’opportunité de cette décision en particulier au regard du contexte actuel», a réagi Karen Erodi, députée insoumise du Tarn. En effet, outre la venue de Greta Thunberg, une commission d’enquête sur le montage juridique et financier du projet d’autoroute A69 est sur le point de débuter et le Président de la commission des Finances, Eric Coquerel, a tout juste saisi le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu concernant le contrat de concession passé entre Atosca et l’Etat. «Je m’interroge sur les réelles motivations derrière cette décision», qui «risque d’entraîner des tensions», poursuit-elle dans un communiqué.

A quelques centaines de mètres du champ prévu pour l’accueil de la mobilisation et à proximité d’une voie ferrée, un campement a été installé sur une parcelle boisée, avec plusieurs cabanes et tentes visibles au sol et dans les arbres. «Aujourd’hui, sur le campement, il doit y avoir une centaine de personnes», a expliqué Paul. Il a précisé que le terrain boisé faisait l’objet d’un litige car son propriétaire a été exproprié par les constructeurs de l’autoroute. Le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres divise la classe politique et est fortement contesté par les militants écologistes, qui se sont mobilisés à plusieurs reprises ces derniers mois sur le tracé.

Mise à jour à 16 h 43 : avec la réaction de Karen Erodi.