L’A69 n’a pas fini de déchirer le territoire. Le gérant d’une entreprise en charge de la sécurité du chantier de l’autoroute ultra-contestée, entre Toulouse-Castres, est soupçonné d’avoir commandité en 2024 des actes de violence contre des opposants au projet, a annoncé ce vendredi 10 octobre le procureur de Toulouse.
Cet homme de 51 ans devait être présenté ce vendredi à un juge pour une mise en examen, a précisé lors d’une conférence de presse le procureur David Charmatz, qui a requis un mandat de dépôt. Le gérant «a reconnu sa responsabilité, son implication dans l’organisation de ce qu’on peut appeler des commandos», a ajouté le magistrat.
Détermination
En tout, neuf personnes ont été interpellées mardi dans les agglomérations de Marseille, Lyon et Albi et placées en garde à vue. Trois d’entre elles ont été mises hors de cause. «Parmi les six individus, nous avons cinq exécutants, de 22 à 33 ans, qui admettent leur participation moyennant rémunération. Ils expliquent que ces incendies ont été organisés et planifiés à la demande du gérant de la société à qui l’entreprise NGE confiait la responsabilité de la sécurité du chantier», a précisé le procureur.
Ce sont «des faits de nature criminelle grave, qui font encourir à leurs auteurs des peines de prison de vingt ans, qui sont des dégradations de biens par incendie en bande organisée, des violences volontaires avec armes et en réunion, et une association de malfaiteurs», a encore expliqué le magistrat.
Deux personnes aspergées d’essence
Le 1er septembre 2024, des hommes cagoulés ont mis le feu à une voiture devant une maison occupée par des opposants à l’A69 à Verfeil (Haute-Garonne), une habitation finalement rasée pour laisser place au chantier de l’autoroute. «Deux personnes qui étaient sur les lieux de la maison avaient tenté de les arrêter et avaient été aspergées d’essence et de gaz lacrymogènes», ce qui a permis aux suspects de s’enfuir, a précisé la source judiciaire.
Outre celle-ci, deux autres tentatives d’incendie en août 2024, une sur cette même propriété et l’autre sur une autre zone à défendre (ZAD) à Saïx (Tarn), ont conduit à ces interpellations.
Reportage
Alors que nombre d’élus locaux, régionaux et l’Etat soutiennent, au nom du désenclavement d’une partie du Tarn, la construction de l’A69 entre Castres et Toulouse, les écologistes et des scientifiques dénoncent la destruction de zones humides, de terres agricoles, d’arbres, d’écosystèmes et de nappes phréatiques.
La construction de ce ruban de bitume de 53 km, entamée au printemps 2023, a donné lieu à de nombreux incidents. Des engins de chantier ont notamment été incendiés et des affrontements ont opposé à l’occasion de grands rassemblements anti-A69 des opposants aux forces de l’ordre.
Fin février, le tribunal administratif de Toulouse a ordonné une interruption des travaux, mais la cour administrative d’appel de Toulouse a autorisé fin mai une reprise du chantier, avant un examen sur le fond, prévu fin novembre.
Mise à jour : à 18 h 05, avec l’ajout des propos du procureur de Toulouse.