Une mise en conformité qui intervient seulement trois jours avant l’ultimatum, fixé le 7 juillet. Un nouveau dispositif de microfiltration des eaux Perrier à 0,45 micron a été installé sur le site de Vergèze, dans le Gard, «conformément aux échanges avec les autorités sanitaires», a annoncé ce jeudi Nestlé Waters. La multinationale qui avait jusqu’à la semaine prochaine pour retirer son ancien système, jugé non réglementaire.
Le 7 mai dernier, le préfet du Gard avait donné deux mois au groupe pour retirer sa microfiltration à 0,2 micron, estimant, en se fondant sur l’avis des experts de l’Agence régionale de Santé (ARS) Occitanie, que ce dispositif «modifie le microbisme de l’eau produite, en contradiction avec la réglementation en vigueur» sur les eaux minérales naturelles.
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«Le dispositif de microfiltration pour la marque d’eau minérale naturelle Source Perrier a été adapté à la suite de la demande du préfet», a aujourd’hui réagi Nestlé Waters dans un communiqué. «La sécurité sanitaire de toutes les eaux embouteillées sur le site continue d’être garantie», ajoute le groupe. Ce nouveau dispositif est «opérationnel», «quinze jours après le site des Vosges» où sont produites les eaux Hépar et Contrex, sommées de se plier aux mêmes règles, précise Nestlé Waters.
«Le site de Vergèze va déposer le 4 juillet un nouveau dossier d’autorisation d’exploitation d’eau minérale naturelle» proposant «de nous concentrer sur nos principaux forages», indique par ailleurs le groupe suisse.
«Des contaminations bactériennes inacceptables»
Pourtant, selon les informations du Monde, le préfet du Gard n’a, à l’heure actuelle, toujours pas reçu de document signé de la main de Nestlé attestant que l’ancien système non réglementaire a bien été remplacé. Même absence de preuve du côté de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Occitanie. Selon le quotidien, la préfecture a annoncé qu’elle allait demander à l’ARS de vérifier la pose de ces nouveaux filtres à 0,45 micron.
L’enjeu pour le géant des eaux minérales naturelles - San Pellegrino, Vittel - est de pouvoir continuer à produire du Perrier sous cette appellation, un an et demi après des révélations dans la presse sur l’utilisation par Nestlé Waters de traitements illégaux (charbon et UV), un scandale aux multiples rebondissements.
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En août 2024, l’ARS d’Occitanie avait ainsi invité le groupe à «s’interroger» sur un autre «usage alimentaire» de son site de conditionnement de Perrier confronté à des «contaminations bactériennes […] inacceptables pour une eau minérale naturelle».
Nestlé Waters avait alors remplacé, avec l’assentiment du gouvernement, ces traitements illégaux par une microfiltration à 0,2 micron, nécessaire selon lui pour «assurer la sécurité alimentaire» des produits. Cette microfiltration contestée a finalement été jugée contraire à la réglementation par les autorités.
«Un traitement interdit en a remplacé un autre. Le gouvernement, qui avait validé le plan de transformation de Nestlé Waters, est lourdement fautif», avait réagi début mai le sénateur socialiste Alexandre Ouizille, rapporteur d’une commission d’enquête sur les pratiques des industriels de l’eau en bouteille, dont le rapport a étrillé les pratiques du groupe et la réaction de l’Etat, au courant depuis 2022 des traitements.
Une dénomination «d’eau minérale naturelle» toujours en suspens
En avril, des hydrogéologues mandatés par la préfecture du Gard avaient rendu un «avis défavorable» pour la production de la célèbre eau sous sa dénomination d’eau minérale naturelle. Cette expertise doit contribuer à nourrir la décision de la préfecture et de l’ARS sur le renouvellement de l’autorisation d’exploitation de la source de Vergèze sous cette appellation.
Le préfet avait jusqu’au 7 août pour rendre sa décision mais le dépôt d’un nouveau dossier rallonge ce délai, a indiqué une porte-parole de Nestlé Waters. Le seuil de 0,45 micron pour la microfiltration est utilisé par d’autres sites, en France et dans l’Union européenne, mais il appartient au préfet de confirmer dans son autorisation qu’il est conforme à la réglementation européenne.