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Pollution

A Hillion, en Bretagne, la «crise sans fin» des algues vertes

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Dans cette commune de la baie de Saint-Brieuc, la maire ferme la plage pendant quelques jours avant de la rouvrir pour alerter sur la persistance de la pollution végétale. Les habitants, eux, vivent une cohabitation forcée avec ces résidus de l’élevage intensif.
A Hillion, en baie de Saint-Brieuc, le 10 juillet 2023. (Fabrice Picard/Vu pour Libération)
par Juliette Fekkar, envoyée spéciale dans les Côtes d'Armor
publié le 28 juillet 2024 à 7h21

La plage de Saint-Guimond est déserte. A l’exception d’une famille de vacanciers belges, décontenancés par les barrières, les panneaux «Danger algues vertes» et l’odeur d’œuf pourri qui emplit les narines. Une pellicule verdâtre et vaseuse recouvre le sable, entre la rive et l’eau. Ils ne se baigneront pas, ce lundi 22 juillet. Ni le lendemain d’ailleurs. «Ça fait longtemps qu’on ne vient plus sur la plage en été», soupire Daniel Reux, 85 ans. L’homme, qui a passé toute sa vie à Hillion, dans les Côtes-d’Armor, embrasse du regard la baie de Saint-Brieuc : «Ici, avant les algues, c’était le paradis.»

Leur prolifération sur les plages bretonnes est due à un excès d’azote dans l’eau, résidu de l’élevage intensif. La substance, une fois en mer, agit comme un engrais pour les végétaux aquatiques. Ceux-ci produisent un gaz, l’hydrogène sulfuré (H2S), en se décomposant. Toxique dès 50 parties par million (ppm) dans l’air, il peut tuer un animal en quelques minutes et même une personne, si la concentration atteint 300 ppm. Au-delà de 1 ppm, l’accès au rivage est interdit. En seulement un mois, la plage de Saint-Guimont a dû être fermée trois fo