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Mobilisation

Colère des agriculteurs : la permanence de François Hollande murée, signe du «durcissement» du mouvement

Les agriculteurs en colèredossier
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La censure du gouvernement de Michel Barnier et l’accord annoncé entre le Mercosur et l’Union européenne poussent les agriculteurs à «durcir» le mouvement de protestation en France, ont-ils prévenu ce vendredi 6 décembre.
Des agriculteurs de la FNSEA corrézienne murant l'entrée de la permanence de François Hollande, à Tulle, ce vendredi 6 décembre 2024. (Nora Mourad. France Télévisions)
publié le 6 décembre 2024 à 12h19
(mis à jour le 6 décembre 2024 à 19h23)

Ils avaient menacé ce vendredi 6 décembre en fin de matinée de «durcir» leur mobilisation dans les prochains jours. Promesse tenue dès la soirée : des agriculteurs en colère murent la permanence parlementaire de François Hollande à Tulle, en Corrèze, pour protester contre son vote mercredi en faveur de la motion de censure qui a renversé le gouvernement de Michel Barnier. «Il est sur un territoire rural. S’il ne veut pas défendre ses agriculteurs, son territoire, il n’a pas besoin d’une permanence en Corrèze», a déclaré Emmanuel Lissajoux, président de la branche départementale de la FNSEA, en ciblant l’ex-président et actuel député socialiste. Selon le syndicaliste, la chute du gouvernement va «retarder toutes les avancées obtenues» par les agriculteurs.

«Avec la censure [du gouvernement de Michel Barnier] et [la présidente de la Commission européenne] Ursula von der Leyen partie en Uruguay» dans le but de conclure un accord de libre-échange avec des pays du Mercosur, «les actions vont évoluer, se durcir», avait mis en garde plus tôt dans la journée le secrétaire général des Jeunes agriculteurs (JA), Quentin Le Guillous, allié du syndicat majoritaire FNSEA.

La réaction policière escalade également. Jeudi 5 décembre, cinq interpellations ont eu lieu lors d’une action de la Confédération paysanne, au Grand Palais, à Paris, où se tenait un salon de l’agrobusiness. Les gardes à vues ont été prolongées ce vendredi matin. Il s’agit des premières actions policières du mouvement des agriculteurs depuis sa reprise en novembre, alors que le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau avait promis une «tolérance zéro».

L’alliance syndicale majoritaire FNSEA-JA prévoit toujours un troisième round de manifestations pour les 9 et 10 décembre. Les deux premiers étaient axés sur l’opposition à la signature d’un accord de libre-échange avec le Mercosur et la dénonciation des «entraves» à l’exercice du métier. Le dernier devait se concentrer sur la défense d’un meilleur revenu.

«On n’oublie pas le revenu. On prévoit des visites de GMS (grandes et moyennes surfaces) pour dénoncer les prix trop bas (pour rémunérer selon eux correctement les producteurs) et contrôler l’origine des produits», a expliqué Le Guillous. Mais «on appelle en plus (le réseau FNSEA-JA) à aller à la rencontre de tous les députés pour demander des comptes» après la censure du gouvernement, qui portait notamment dans les projets de budget 2025 et celui de financement de la Sécurité sociale des mesures réclamées par les syndicats (allègements fiscaux et du coût du travail des saisonniers, annulation de la hausse de la fiscalité sur le gazole agricole…).

Selon les informations de Libération, l’alliance syndicale pourrait notamment ériger des murs devant la permanence de certains députés, comme elle l’avait fait devant le centre de recherche Inrae, le 28 novembre.

Il a insisté sur le fait que des rendez-vous seraient demandés à «tous les députés» : «Ceux qui ont voté la motion et ceux qui ne l’ont pas votée» pour chercher des solutions afin de mettre en œuvre les promesses faites aux agriculteurs depuis l’hiver dernier. «On n’est pas en train de dire qu’on soutenait tel ou tel gouvernement mais on veut que ça avance», a-t-il ajouté.

Les syndicats agricoles redoutent que la signature de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et des pays du Mercosur soit imminente. Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, avait qualifié le combat contre ce traité de «combat existentiel» pour l’agriculture française.

Le principal concurrent du syndicat majoritaire, la Coordination rurale, se propose également d’accélérer le mouvement. Mercredi et jeudi, elle a fait fermer l’autoroute A2 entre Lille et Bruxelles. Ce vendredi matin, plusieurs de ses membres sont venus manifester devant le marché de Rungis. Certains sont même entrés dans le pavillon de la viande du marché de gros. La Coordination rurale avait déjà fait de Rungis une de ses cibles privilégiées en janvier dernier.

Mise à jour : à 19h23, avec l’action de la branche corrézienne de la FNSEA à la permanence parlementaire de François Hollande.