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Libération
Reportage

Barrage des agriculteurs près de Paris : «Pour le moment on ne bouge pas»

Malgré les mesures gouvernementales annoncées ce jeudi 1er février et l’appel à lever les blocages des syndicats, les agriculteurs mobilisés sur l’A6 sont déterminés à poursuivre le mouvement.
Le vice-président du syndicat agricole FNSEA (Fédération Nationale des syndicats d'exploitants agricoles) Damien Greffin sur l'autoroute A6 près de Chilly-Mazarin, le 1er février 2024. (Emmanuel Dunand/AFP)
publié le 1er février 2024 à 17h56

«Ici, c’est moi le patron.» Sur le barrage des agriculteurs, sur l’A6, au niveau de Chilly-Mazarin (Essonne), Damien Greffin, le responsable régional de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) annonce, ce jeudi 1er février, la poursuite de la mobilisation en Ile-de-France. «Pour le moment, on ne bouge pas. Les mesures d’urgence, on les a pas», affirme le céréalier, en réaction aux mesures gouvernementales annoncées ce jeudi midi. Une décision en contradiction avec les annonces faites par son syndicat et les Jeunes Agriculteurs, à l’échelle nationale, mais largement applaudie sur l’A6.

«Changement de logiciel»

Un peu plus tôt dans la journée, autour d’une télé installée sous un barnum, les principaux responsables syndicaux franciliens de la FNSEA, principal syndicat agricole, ont écouté attentivement la conférence de presse du Premier ministre, Gabriel Attal, sans jamais manifester d’approbation à ce qu’ils entendaient. Puis, une visioconférence a débuté entre les principaux dirigeants de la FNSEA, dont Damien Greffin, pour discuter de l’arrêt ou de la poursuite du mouvement. «Si ce soir je rentre sur mon exploitation, qu’est-ce qui aura changé pour moi ?» s’interrogeait un des agriculteurs mobilisés, en attendant leur décision. «J’ai l’impression d’avoir entendu la même chose que [lors des premières annonces de Gabriel Attal] vendredi», réagit un autre.

Une heure plus tard, Damien Greffin est de retour et grimpe sur des palettes de chantier pour annoncer sa décision. Quelques élus du département, écharpe tricolore autour du buste, sont présents. «On sent des signes de changement de logiciel, les choses ont rarement bougé autant que ça», dit-il, en référence aux engagements du gouvernement de faire inscrire dans la loi la notion de souveraineté alimentaire et de ne pas prononcer d’interdiction de produits sans solution. Mais ça ne suffit pas. «On reste là tant qu’on n’a pas des précisions par écrit», dit Damien Greffin. Le responsable syndical devait appeler le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, à ce sujet dans la foulée.

Klaxons et mots de soutien

«Je veux juste être sûr qu’on n’accueillera pas les ministres et le président de la République au Salon de l’agriculture [du 24 février au 3 mars] si on n’a pas obtenu des mesures concrètes», intervient Philippe Girardo, à la tête d’une exploitation de grandes cultures et de betteraves en Seine-et-Marne, et également membre de la FNSEA. Des applaudissements suivent. «On sera là pour rappeler sa responsabilité au Président si les choses n’ont pas évolué», répond le dirigeant syndical, en précisant que son organisation n’empêchera pas la tenue du salon. Comme tout au long de la journée, des klaxons d’automobilistes et de routiers en provenance de la voie opposée résonnent. Certains baissent même leur vitre et crient des mots d’encouragement : «Bravo !», «On est ensemble !», «Ne lâchez rien»