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Bilan

«Ça mérite encore de maintenir une pression» : après la rencontre avec Attal, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs satisfaits mais pas rassasiés

Les agriculteurs en colèredossier
Les représentants de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs sont sortis plutôt positifs de leur entretien avec le Premier ministre ce mardi 13 février. Ils attendent néanmoins la mise en place rapide de mesures.
Le président du syndicat Jeunes Agriculteurs (JA) Arnaud Gaillot et le président du syndicat FNSEA Arnaud Rousseau assistent à une conférence de presse à la suite d'une réunion avec Gabriel Attal, à Paris, le 13 février 2024. (Geoffroy Van Der Hasselt/AFP)
publié le 13 février 2024 à 22h00

Satisfaits mais «pas encore rentrés». Dix jours après la levée des blocages, Gabriel Attal a retrouvé ce mardi 13 février à Matignon les représentants de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA), qui maintiennent la pression sur l’exécutif à moins de deux semaines du Salon de l’agriculture. Le Premier ministre a reçu ces syndicats pendant deux heures avec le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau.

«Ça s’est bien passé. On continue d’avancer, on a passé en revue tous les dossiers […]. Sur la simplification, c’est encourageant. Maintenant, […] il faut que tout soit mis en place au moment du salon», a déclaré Arnaud Rousseau, le président de la puissante FNSEA, à sa sortie de Matignon. «Ni défiance, ni complaisance», a-t-il résumé un peu plus tard lors d’un point presse. «Ce serait malhonnête de notre part de dire que rien ne bouge», a relevé le président des JA, Arnaud Gaillot. Mais «ça mérite encore de maintenir une pression parce que ça a encore du mal à se traduire», a-t-il ajouté en regrettant notamment un nombre insuffisant de réunions avec Bercy.

Les deux responsables se sont félicité que Gabriel Attal ait accepté le principe d’un point de suivi mensuel sur les mesures de simplification. Mais «que personne ne pense que parce que les tracteurs sont rentrés, les choses sont réglées», a insisté Arnaud Rousseau.

Emmanuel Macron recevra, lui, la Coordination rurale et la Confédération paysanne mercredi, avant la FNSEA et les JA la semaine prochaine, mardi selon Arnaud Rousseau. Comme avant chaque Salon de l’agriculture, qui s’ouvre le 24 février à Paris, a précisé l’Elysée. Mais le contexte est particulier cette année. «On comprend que tout ne va pas se faire en trois jours. Mais le président de la République, il ne va pas falloir qu’il arrive seulement avec de beaux discours au Salon de l’agriculture», a prévenu Arnaud Rousseau plus tôt dans la journée.

Une base toujours éruptive

Cette crise du monde agricole, nourrie par une profonde désespérance face à l’incapacité de dégager «un revenu décent» et un quotidien corseté par une myriade de normes et contraintes administratives, est la plus grave depuis 30 ans, estime la FNSEA. Au bout de deux semaines de blocages, les manifestants ont levé le camp début février après trois salves d’annonces du gouvernement, dont plus de 400 millions d’euros de mesures d’urgence. Mais les syndicats n’entendent pas relâcher la pression sur des sujets aussi sensibles que la simplification administrative, l’utilisation des pesticides ou encore l’élevage.

La base reste éruptive, à l’image du coup d’éclat des producteurs de lait indépendants venus mardi matin sur l’esplanade des Invalides à Paris avec une poignée de tracteurs, leur chef de file Adrien Lefevre promettant «d’autres moments forts de mobilisation». Une cinquantaine d’éleveurs de moutons se sont, eux, rassemblés devant Bercy, estimant être «les grands oubliés» de la crise, alors que les aides aux éleveurs «concernent surtout les bovins».

Le ministre de l’Agriculture et sa ministre déléguée Agnès Pannier-Runacher verront «dans la semaine chacune des organisations syndicales», notamment pour évoquer un projet de loi visant à favoriser la transmission d’exploitations et l’installation de nouveaux agriculteurs, selon leur entourage. Ce texte, reporté pour être enrichi face à la crise, devrait être présenté en Conseil des ministres fin février pour un vote «d’ici» juin, a-t-on ajouté de même source.