Sale temps dans les champs. La moisson de blé en France est sur le point d’aboutir à «une des plus faibles récoltes des 40 dernières années», avec un volume estimé en recul de près de 24 % par rapport à la moyenne des cinq années précédentes, rapporte, ce vendredi 9 août, le ministère de l’Agriculture. D’ordinaire premier producteur et exportateur européen de blé tendre, la France connaît cette année «parmi ses trois plus petites récoltes» depuis les années 1980 en raison d’un hiver pluvieux et du manque d’ensoleillement, selon une note du service de statistiques du ministère, Agreste.
La production de blé tendre est estimée à 26,3 millions de tonnes, en baisse de près de 25 % par rapport à 2023 et de 23,9 % par rapport à la moyenne des années 2019 à 2023, indique Agreste. La France pourrait ainsi atteindre sa plus faible production depuis 1987 (25,8 millions de tonnes). Producteur de grandes cultures, le président du syndicat agricole majoritaire FNSEA, Arnaud Rousseau a évoqué une «année catastrophique», une «année noire», dans un entretien accordé mercredi à l’AFP. Il demande au gouvernement, même démissionnaire, de se mettre au travail pour aider les agriculteurs à traverser cette mauvaise passe.
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Plusieurs facteurs se sont cumulés pour expliquer une telle chute de la production céréalière. Les pluies tombées abondement depuis l’automne dernier sur de larges pans du territoire ont d’une part empêché la bonne réalisation des semis : les surfaces consacrées au blé tendre ont reculé de près de 11 % sur un an, selon la précédente publication d’Agreste. Puis l’excès d’eau et le manque d’ensoleillement ont plombé les rendements et la qualité des grains. Les données peuvent encore évoluer car les moissonneuses-batteuses sont encore dans les champs par endroits. 88 % de la moisson de blé tendre était achevée en France au 5 août, a ajouté vendredi l’observatoire de l’établissement public FranceAgriMer, dans une publication distincte.
Au moins jusqu’ici, la France a globalement échappé à la sécheresse, ce qui a préservé les prairies, sources de fourrage pour les bêtes. Mais les éleveurs, en particulier de moutons, ne sont pas tranquilles pour autant. L’arrivée dans le nord du pays d’un nouveau sérotype de fièvre catarrhale ovine, ou maladie de la langue bleue, pourrait de faire des dégâts dans les troupeaux.
Les vendanges mal embarquées
Parallèlement à la chute des récoltes de blé, la vendange 2024 en France «est attendue en baisse dans presque tous les bassins viticoles», selon une première estimation également publiée vendredi par le ministère de l’Agriculture. La production viticole se situerait entre 40 et 43 millions d’hectolitres cette année, un niveau inférieur de 10 % à 16 % par rapport à 2023, et de 3 % à 10 % par rapport à la moyenne 2019-2023, précise le service de statistiques du ministère, Agreste.
De nombreux vignobles «ont été marqués par des phénomènes de coulure (chute des fleurs ou des jeunes baies) et parfois de millerandage (taille variable des baies), conséquence de conditions humides et fraîches lors de la floraison», explique le ministère. Le mildiou, un champignon dont la propagation dans les vignes a été favorisée par les pluies fréquentes tombées depuis le printemps, «touche la plupart des bassins viticoles et pourrait causer des pertes importantes». «Des épisodes de gel ou de grêle ont également localement réduit les volumes de production», indique Agreste.
Toutes ces estimations restent provisoires, prévient le ministère. Les vendanges viennent à peine de commencer et vont s’étaler jusqu’au début de l’automne, la production reste donc sensible à la météo. «Les sols bien rechargés en eau pourraient limiter cette baisse de production», remarque le ministère. À défaut de pain, il restera peut-être le vin.