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Libération
Reportage

«C’est militant, mais militant sans risque» : pour acquérir des terres, les jeunes agriculteurs se tournent vers la solidarité

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En Bretagne, afin de racheter les terres qu’ils exploitent, un couple d’éleveurs a opté pour la société coopérative d’intérêt collectif : il a fait appel à des investisseurs. Un pari gagnant, alors que le projet de loi agricole, lacunaire sur le foncier, est examiné à l’Assemblée nationale ce mardi 14 mai.
A Tresbœuf, le 19 avril, sur la ferme biologique des Trognes. (Quentin Bonadé-Vernault/Libération)
publié le 14 mai 2024 à 6h00

En deux ans, la ferme a bien changé. Le bâtiment des vaches est vide, celles-ci ayant passé l’hiver dehors, davantage de haies et un verger ont été plantés, des nichoirs et des pièges photos pour observer la biodiversité ont été installés, et un champ entier, de six hectares, est planté d’arbres qui commencent à peine leur croissance. Le but ? En faire une parcelle d’agroforesterie sur une prairie où paîtront les vaches armoricaines. Amande Gat et Damien Franco Sanchez se sont installés à Tresboeuf, dans le sud de l’Ille-et-Vilaine, en mars 2022, sur 52 hectares, en bio et plein air. Ils élèvent 70 bovins et 30 cochons par an, commercialisés en circuit court. Libé les avait rencontrés juste avant le rachat de la ferme, après trois ans de préparation pour mener leur projet à bien. Ils racontaient les difficultés d’installation, la débrouille et le grand saut qui les attendaient. Aujourd’hui, un nouveau projet les attend : pour pouvoir sécuriser leur installation, ils doivent racheter les terres dont ils sont aujourd’hui locataires auprès du département. Pour cela, ils ont créé une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), structure qui pourrait être un véritable antidote à la financiarisation des terres.

«Pas de sens que les terres appartiennent à une seule personne»

Au départ, le couple s’est endetté sur environ 350 000 euros pour acheter les bâtime