Est-ce un petit Larzac ? Pas de camp militaire, ni de causses, mais 170 hectares de terre et une ferme. Jeudi 3 octobre, environ 300 personnes étaient réunies à Angers (Maine-et-Loire) derrière le mot d’ordre «Installer : oui ! Agrandir : non», inscrit sur une banderole accrochée aux grilles de la préfecture. Face à la foule et munis d’un drapeau de la Confédération paysanne, trois trentenaires (une quatrième était absente), hissés sur des palettes, sont au centre de toutes les attentions. En à peine plus d’un mois, ces quatre Nima – pour «non issus du milieu agricole», un acronyme propre à cette profession marquée par une forte reproduction sociale – ont réussi à lever 685 000 euros auprès de 270 citoyens pour leur projet commun : reprendre, en bio, une ferme située à Denée, au sud d’Angers, pour y élever 60 vaches, faire pousser des légumes, du blé et cuire du pain. «La défiance à l’égard de notre installation nous interroge et nous semble systémique», a lu l’un des associées, Marius Chauvin, 31 ans.
Les raisons de la colère ? Le 24 septembre, le conseil d’administration de la Société d’aménagement foncier (Safer) – dont le rôle est de réguler le marché des terres agricoles – s’est réuni pour trancher sur le devenir de la ferme des Joncs, dont l’actuel propriétaire se retire. A une