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Reportage

«C’est plus facile de prendre des décisions à plusieurs» : dans le Maine-et-Loire, le champ choral d’une ferme collective

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Au Pont de l’Arche, le travail est partagé entre cinq associés, qui ont adopté un modèle de paysannerie privilégiant le circuit court et le bien-être des travailleurs.
Le Gaec du Pont de l'Arche, dans le Maine-et-Loire, élève des vaches, transforme le lait en fromage et produit des farines et du pain. (Théophile Trossat/Libération)
publié le 30 décembre 2023 à 8h17

Pendant qu’Emeline termine la traite aidée d’une stagiaire, Pauline s’attelle à la fabrication des fromages. Alors que les caillés s’égouttent, elle retourne, essuie et décale d’une rangée les tommes de vache affinées dans le cellier. Dans un petit atelier à quelques mètres de là, Céline a allumé le feu du four à pain et finit de préparer ses pâtons. Il est à peine 8h30 mais les pains moulés sont déjà rangés dans une armoire où ils commencent à lever. Trois minuteurs sont posés face à elle et sonnent tour à tour quand il est temps de retourner la pâte, de la pétrir ou d’enfourner les premières miches. Anthony, lui, trie les céréales, range le matériel et s’apprête à préparer le déjeuner – chacun s’y colle à tour de rôle. A la ferme du Pont de l’Arche à Bouchemaine (Maine-et-Loire), à une dizaine de kilomètres au sud d’Angers, chacun des quatre associés sur le pont ce vendredi de la mi-décembre est dévoué à sa tâche du jour. Le cinquième, Florent, fait une rapide apparition pour récupérer un peu de lait frais mais repart illico. Cette semaine, il est en congés.

En congés ? «Lors d’une réunion, on a décidé de s’octroyer six semaines de vacances par an», se souvient Céline. C’est qu’ici, sur cette ancienne exploitation familiale – qui s’est élargie à de nouveaux partenaires à partir de 2018 –, le temps de travail est une question majeure. Et si Florent et les autres ont pu décider ensemble de se permettre plusieurs semaines de congé, c’est que le Pont de l’Arche est une f