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Libération
Reportage

Chez les agriculteurs de Mayotte, la crise de l’eau «pousse les gens à faire n’importe quoi»

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Contournant la loi ou réduisant leur production, les exploitants de l’archipel se débrouillent comme ils peuvent face à la sécheresse. L’Etat lutte contre les captages illégaux et veut pousser vers une agriculture plus durable.
Un employé dans l'exploitation d'Omar près du village d'Ongojou, dans le centre de Mayotte, (David Lemor /Libération)
publié le 13 octobre 2023 à 17h38

Ces derniers temps, les journées d’Omar commencent aux aurores. Vers 4 heures du matin, ce Mahorais de 23 ans descend à la rivière et démarre le groupe électrogène qui lui sert à pomper l’eau. Sa cuve de 2 000 litres remplie, il fait un aller-retour jusqu’à ses exploitations, près du petit village d’Ongojou, en plein centre de Grande-Terre, où il élève 4 000 poulets et pintades et fait un peu de maraîchage. Bottes aux pieds, il laisse sa cuve pleine, en prend une vide, et retourne à la rivière pour répéter l’opération. «Je sais que je n’ai pas le droit, c’est pour ça que j’y vais si tôt. Si on me voit, je devrais payer une amende. Mais je n’ai pas le choix : c’est soit ça, soit j’arrête tout et mon entreprise s’écroule.»

A son compte depuis cinq ans, après avoir repris l’exploitation de son père, Omar galère ces derniers mois. A cause de la crise de l’eau qui touche Mayotte, conséquence d’une sécheresse plus vue depuis 1997 et d’infrastructures défaillantes, l’eau coule désormais moins de deux jours par semaine du robinet. Bien trop peu pour ses volailles. Impossible également pour lui de stocker suffisamment d’eau pour fai