Gare aux pets. Le gouvernement danois a présenté mercredi 10 juillet une taxe sur les émissions de gaz à effet de serre causés par les pets et rots de vaches. La mesure, qui entrera en vigueur dès 2030, vise à réduire les émissions de dioxyde de carbone et de méthane. A l’échelle mondiale, l’agriculture est le principal secteur émetteur, notamment à cause des rots et pets de bovins. Résultat : le Danemark, grand exportateur de produits laitiers et de viande de porc, se place parmi les pays les plus concernés par ce type d’émissions.
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Selon des données de l’organisation gouvernementale Statistics Denmark publiées en 2022, les vaches danoises émettent environ 8,4 millions de tonnes de CO2 par an. «Grâce à cet accord, nous atteindrons nos objectifs climatiques en 2030 et nous ferons un grand pas de plus vers la neutralité climatique en 2045», a affirmé le ministre de la Fiscalité, Jeppe Bruus Christensen, après l’annonce. D’après lui, cette initiative permettra de réduire les émissions de gaz à effet de serre du pays à hauteur de 70 % d’ici 2030.
Une taxe allégée avant même d’être votée
Le montant de la taxe a été fixé à un taux initial de 300 couronnes (environ 40 euros) par tonne d’équivalent CO2, montant qui augmentera à 750 couronnes en 2035. Cependant, une déduction fiscale de 60 % a déjà été négociée, réduisant le coût réel pour les agriculteurs à 120 couronnes par tonne en 2030, et à 300 couronnes en 2035. En effet, la mesure est très impopulaire auprès des éleveurs, qui craignent une augmentation des coûts de production et une perte d’emplois. Les projections du ministère de l’Economie estiment que jusqu’à 2 000 emplois pourraient disparaître dans le secteur d’ici 2035 à cause de la taxe. L’accord est ainsi jugé «inutile» par l’Association danoise pour une agriculture durable. Son président, Peter Kiaer, dit qu’en tant qu’agriculteur, il se sent «mal à l’aise» à l’idée de participer à une «expérience incertaine» qui pourrait menacer «la sécurité de l’approvisionnement alimentaire». Il rappelle que la Nouvelle-Zélande avait proposé une loi similaire en 2022, finalement abandonnée après une vive réaction du secteur agricole.
Financer la transition verte du secteur agricole
A l’inverse, Christian Fromberg, spécialiste agriculture chez l’ONG verte Greenpeace, estime que la taxe ne va pas assez loin. Il s’agit à ses yeux «d’une immense opportunité gâchée» car elle ne permet pas la transition plus globale de l’agriculture danoise vers un modèle moins intensif. Selon lui, il est donc «très difficile d’affirmer que cet accord est historique».
Le texte sera soumis au vote du Parlement à l’automne. S’il est approuvé, les recettes générées par la taxe contribueront, pendant au moins deux ans, à financer la transition écologique du secteur agricole. Un fonds pour les espaces verts sera également créé. Objectifs principaux : diversifier les activités économiques et verdir le paysage, dans un pays où plus de 60 % du territoire est consacré à l’agriculture.