Un mois avant l’ouverture du Salon de l’agriculture et alors qu’un blocage se poursuit depuis jeudi soir sur une autoroute près de Toulouse, le président Emmanuel Macron a demandé aux préfets d’être à l’écoute des agriculteurs. «Le président de la République a demandé au ministre de l’Intérieur [Gérald Darmanin] de donner instruction aux préfets d’aller dès ce week-end à la rencontre des agriculteurs et de leurs organisations représentatives», a fait savoir la présidence vendredi soir. «Il souhaite qu’ils échangent directement sur les problématiques qu’ils expriment, au plus près du terrain».
Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, doit en faire de ce même ce samedi 20 janvier dans le Cher. D’après son cabinet, il ira dans l’après-midi «à la rencontre d’agriculteurs pour évoquer leurs problématiques». «J’entends et je suis très attentif aux expressions des agriculteurs», a-t-il assuré vendredi à la Dépêche du Midi, soulignant «avoir obtenu un budget historique […] de quatre milliards pour les trois prochaines années».
Reportage
En Allemagne, les agriculteurs, en colère à cause d’un projet d’augmentation des taxes sur le gazole agricole, ont multiplié blocages de routes et défilés de tracteurs. En France, l’exécutif s’inquiète d’un effet tache d’huile dans la société, alors que les sujets de mécontentement s’accumulent chez les agriculteurs et dans le monde rural, et que le Rassemblement national (RN) cherche à se poser en défenseur des agriculteurs.
Des blocages d’axes routiers se sont multipliés en Occitanie notamment. Depuis jeudi soir, la circulation a été bloquée par des agriculteurs sur l’A64 entre Toulouse et Bayonne. A Carcassonne, une explosion a visé cette semaine un bâtiment vide de la direction régionale de l’environnement (Dreal), service du ministère de la transition écologique, accusé d’entraver l’activité des agriculteurs par des tracasseries administratives. Des éleveurs laitiers se sont rassemblés jeudi devant plusieurs sites Lactalis dans l’Ouest, dénonçant le prix du lait fixé par le groupe, jugé trop bas.
Deuxième nuit de blocage pour les agriculteurs sur l'A64 entre Toulouse et Tarbes pic.twitter.com/ra2iM92vVT
— BFMTV (@BFMTV) January 20, 2024
Sur toute une série de «sujets brûlants», la profession «attend des réponses très claires avant le Salon de l’agriculture», à partir du 24 février à Paris, a mis en garde le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, lors de ses vœux. Les sujets d’irritation vont de l’inflation aux normes environnementales, en passant par le prix du lait et des produits agricoles payés aux producteurs, les indemnisations après les intempéries ou les conséquences du réchauffement climatique.
«Il y a un sentiment général d’incompréhension, une perception de non écoute», a affirmé une source à la FNSEA vendredi soir. Le syndicat «fait remonter les doléances, il est en phase d’écoute avec le terrain», a ajouté cette source. LA FNSEA réunit son conseil d’administration mercredi et son conseil fédéral ensuite, et devrait être en mesure d’annoncer des actions à mener «jeudi prochain», a-t-elle précisé.
Les agriculteurs sur la liste de Gabriel Attal
De son côté, la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole français, prévoit d’organiser des «actions un peu partout en France» jeudi pour dénoncer le «manque de considération» des politiques françaises et européennes envers le monde agricole.
Le nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, pourrait aussi être interpellé sur le sujet ce samedi lors d’une rencontre prévue avec 150 Français, samedi, dans le Rhône. Le chef du gouvernement a déjà affirmé que «l’un des premiers projets de loi» qu’il présentera concerne «le renouvellement des générations en agriculture». Ce texte, au menu du Conseil des ministres du 24 janvier, prévoit de créer un nouveau diplôme de niveau bac + 3 et un guichet unique pour soutenir les candidats à l’installation. La profession, elle, attendait une loi d’orientation plus ambitieuse.