Ils ont d’abord exprimé leur mal-être en retournant les panneaux à l’entrée des villages. Un geste original, presque plaisantin, pour dénoncer une agriculture qui marche sur la tête. Mais cette allégorie n’était que la première étape du mouvement de colère des agriculteurs. Depuis jeudi et le blocage de l’autoroute A64 en Haute-Garonne (Occitanie), les paysans s’en remettent à des actions plus traditionnelles : défilé de tracteurs, barrages des axes routiers, déversement de fumier…
Cette mobilisation, marquée par un enchaînement d’opérations coup de poing, frappe par sa violence, de l’explosion de l’intérieur d’un bâtiment administratif à l’envahissement de commerces. L’usage de la force n’a rien de nouveau dans les mouvements agricoles mais, pour le sociologue François Purseigle, les contestations actuelles sont les «plus musclées» de ces dernières années.
Pourquoi la mobilisation des agriculteurs a-t-elle particulièrement démarré en Occitanie ?
Parce que les paysans d’Occitanie sont percutés de plein fouet par une crise morale. Ils ont été les premiers à se tourner en masse vers l’agriculture biologique. Pendant trois à quatre ans, ils ont vécu une période de transition très coûteuse. Aujourd’hui, leurs efforts ne sont pas récompensés : les consommateurs, qui étaient demandeurs, ne sont pas