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Mobilisation

Colère des agriculteurs : le port de Bordeaux bloqué, la ministre attendue dans le Pas-de-Calais

Alors que la mobilisation «apparaît en baisse» à l’échelle nationale selon les autorités, la Coordination rurale bloque le port de Bordeaux depuis mercredi soir. En parallèle, Annie Genevard est attendue dans une exploitation au nord-est de Béthune, dans le Pas-de-Calais.
Un agriculteur français, membre du syndicat agricole "Coordination Rurale" (CR), passe devant un tas de pneus lors du blocage du port de Bordeaux, à Bassens, dans le sud-ouest de la France, le 20 novembre 2024, au troisième jour d'une manifestation nationale contre l'accord UE-Mercosur. Les agriculteurs protestent contre l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays latino-américains du Mercosur. Paris mène la résistance contre la ratification de l'accord qui créerait la plus grande zone de libre-échange au monde. (Philippe Lopez/AFP)
publié le 21 novembre 2024 à 9h45

Le blocage était prévu pour la nuit a minima, à 13 heures, il était toujours en cours. A Bordeaux, la Coordination rurale obstrue depuis mercredi soir les accès au port de commerce et aux centrales d’achat de la grande distribution. Des supermarchés étaient également visés. Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès. «On bloque tant qu’Annie Genevard et Michel Barnier ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, on ne veut pas un peu d’argent aujourd’hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent», a déclaré à l’AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

Mercredi, plusieurs dizaines de tracteurs et remorques ont déversé de grandes quantités de pneus et de déchets sur les routes donnant accès aux installations portuaires. Plus tôt, la CR avait levé son barrage de l’autoroute A9 reliant l’Espagne à la France qu’elle avait installé la veille. Ailleurs, des agriculteurs ont notamment bloqué la préfecture de Charleville-Mézières dans les Ardennes et une autoroute dans la Nièvre, selon les autorités. Mais la mobilisation semble désormais surtout se circonscrire aux actions des bonnets jaunes de la CR, notamment dans le Sud-Ouest, fief du syndicat concurrent du tandem FNSEA-Jeunes agriculteurs.

Alors que les autorités estiment que «la mobilisation apparaît en baisse» à l’échelle du pays par rapport au début de la semaine, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a dénoncé ces modes d’action dans la soirée : «On ne peut pas accepter qu’il y ait des débordements. […] On a fixé le cadre qui n’exclut pas le dialogue, qui n’exclut pas la protestation, parce qu’elle est légitime.» Dimanche, son collègue de l’Intérieur, Bruno Retailleau, avait évoqué une «tolérance zéro» en cas de «blocage durable».

Première sortie pour la ministre

Annie Genevard, en visite jeudi dans le Pas-de-Calais, a de nouveau estimé que les pesticides autorisés en Europe devraient l’être «également en France», afin d’assurer la «pérennité» de filières agricoles françaises. «Ce qui est autorisé en Europe devrait l’être également en France […]. On ne peut pas considérer que les 26 autres pays européens qui accordent des autorisations de traitement [phytosanitaire] le font au mépris de la santé de leur population», a déclaré la ministre lors d’un point presse à l’issue de sa visite d’une exploitation d’endives à La Couture, près de Béthune.

Mercredi soir, la ministre a redit l’opposition du gouvernement à l’accord Mercosur, et sa volonté de réunir une «minorité de blocage» – au moins quatre pays, suffisamment peuplés pour empêcher les partisans de l’accord d’atteindre la barre de 65 % de la population – au sein de l’UE pour l’empêcher. Un effort aux résultats incertains, tandis qu’un débat à ce sujet va se tenir à l’Assemblée nationale mardi 26 novembre. «Personne ne peut dire aujourd’hui qu’il n’y a pas de minorité de blocage. On y travaille ardemment», a promis Genevard sur BFMTV : «On va faire tout ce qu’on peut pour empêcher cet accord qui est mauvais.»

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d’élections professionnelles, qui se dérouleront en janvier 2025. La CR, deuxième syndicat du secteur aux méthodes particulièrement démonstratives, compte à cette occasion briser l’hégémonie de l’alliance majoritaire FNSEA-JA. Ces deux syndicats frères avaient prévenu qu’ils se mobiliseraient jusqu’à la mi-décembre contre l’accord commercial avec des pays du Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne a aussi organisé des actions pour dénoncer tous les traités de libre-échange. Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, «mardi, mercredi et jeudi», «pour dénoncer les entraves à l’agriculture».

Mise à jour à 14 h 33, le port de Bordeaux toujours bloqué.