Des agriculteurs en colère, Edouard Lynch en a déjà vu beaucoup. Professeur des universités à l’université Lumière-Lyon-II, il a travaillé sur l’histoire des mouvements sociaux de la ruralité. Pour Libération, il analyse les enjeux de la mobilisation en cours, marquée par la coexistence de trois mouvements syndicaux distincts et en concurrence pour les élections professionnelles de janvier. Selon l’historien, l’organisation majoritaire, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), associée aux Jeunes Agriculteurs, risque de se faire dépasser par sa droite par la Coordination rurale (CR), tandis que la Confédération paysanne, plus marquée gauche, peine à imposer son agenda.
Cet automne, plusieurs manifestations agricoles ont émaillé le territoire, prélude à un mouvement de plus grande ampleur annoncé pour ces lundi 18 et mardi 19 novembre. Est-on dans la continuité du mouvement de l’hiver dernier ?
On compare un mouvement passé avec un autre qui n’existe pas encore. Il est annoncé mais pas effectif. Mais les deux sont évidemment étroitement liés. On assiste à une forme de réplique du mouvement de l’hiver dernier. On a souvent observé, dans les années 30 ou 60, de grands mouvements de mobilisation considérés comme réussis être suivis par une reprise de la mobilisation, pour surfer sur la vague. Cela peut fonctionner si les conditions qui ont amené le premier mouvement sont toujours réunies. Ici, c’est clairement le cas. Après la mobilisati