Au premier plan, un champ verdoyant se dresse, parsemé de quelques bottes de foin disséminées arbitrairement. L’air de Bleurville (Vosges) est pur. Mais à l’arrière, à l’abri des regards, entre des orties et des ronces, mouches et charognards se délectent d’un cadavre de bison en décomposition, côtes apparentes. Un coup de vent, un haut-le-cœur. «Je ne m’habituerai jamais à cette odeur de mort qui colle à la peau, jamais», lance Thierry Jacquot, éleveur vosgien de bisons et de vaches, en fixant ce qu’il reste de la bête.
Elle gît ici depuis le 15 août, alors qu’un délai de quarante-huit heures doit, en principe, ne pas être dépassé pour l’enlèvement. Une autre carcasse repose aussi dans le pré voisin, et «l’on peut même la sentir depuis la route», explique l’exploitant aux cheveux grisonnants et au visage hâlé. Elle attend également d’être évacuée. En vain. «A chaque fois que je passe à côté, que je sens cette odeur de putréfaction, c’est dur, et ça me rappelle leur sort, ajoute-t-il en chassant les insectes sur son bras. En hiver, ça aurait peut-être été moins atroce.»
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Dans le département des Vosges, mais aussi celui de la Haute-Marne, de la Haute-Saône, ou encore de la Côte-d’Or, de fortes perturbations entravent – depuis plus d’une dizaine de jours – la collecte des animaux morts par les services d’équarrissage, assur