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Libération
Gros foin

Crise agricole : la FNSEA remet la pression

Les agriculteurs en colèredossier
Les deux syndicats majoritaires sont reçus à Matignon par Gabriel Attal, Marc Fesneau et Agnès Pannier-Runacher mardi après-midi, alors que le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a de nouveau réclamé des «décisions concrètes».
Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, sur un point de blocage de l'A16, près de Beauvais, le 28 janvier 2024. (Julien de Rosa/AFP)
publié le 12 février 2024 à 16h36

Rentrés chez eux depuis dix jours à peine, les syndicats majoritaires remettent la pression. Ils avaient prévenu, le 1er février, à la suite d’une troisième salve d’annonces au monde agricole par Gabriel Attal, que l’accalmie ne tiendrait que jusqu’à de nouvelles mesures soient mises sur la table. «On a quinze jours pour regarder si c’est crédible», avait lancé le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau. Alors que le Salon de l’agriculture, vitrine fantasmée d’une agriculture de terroirs, ouvrira ses portes le 24 février, il en a remis une couche sur France Info dimanche. «Le tempo n’est pas le bon. […] Il faut accélérer», a déclaré le céréalier et producteur d’oléagineux avant de montrer les muscles : «Si on se moquait de nous, évidemment que ça ne pourrait pas se passer dans les conditions classiques de l’accueil du président de la République le premier samedi d’ouverture du salon.» Réclamant à nouveau des «décisions concrètes qui se voient dans les exploitations», le patron du syndicat productiviste d’insister : «Personne n’a intérêt à nous balader.»

Mesures de simplification et aides d’urgence

«En tout état de cause, le tempo fixé par le Premier ministre est vite, le plus vite possible. On a déjà des choses qui ont abouti, d’autres vont aboutir la semaine prochaine pour qu’on puisse avancer», a rétorqué le cabinet du ministère de l’Agriculture ce lundi 12 février, listant les avancées en cours. Un comité d’orientation et de suivi du plan Ecophyto sur la réduction des pesticides, dans le viseur de la FNSEA et qui a été suspendu jusqu’au Salon de l’agriculture, s’est tenu ce lundi après-midi. Huit ONG environnementales ont annoncé avoir boycotté la réunion. Depuis dix jours, les préfets ont multiplié les rencontres dans les territoires pour faire remonter des mesures de simplification, alors que les aides d’urgence pour les agriculteurs touchés par les tempêtes et inondations, ainsi que par la maladie hémorragique épizootique (MHE) bovine et la viticulture ont déjà été débloquées. Sur la loi Egalim, censée assurer un meilleur revenir aux agriculteurs mais dont ils déplorent qu’elle soit insuffisamment contrôlée et respectée, 124 procédures ont été lancées à la suite de constats d’irrégularités.

En parallèle, les rencontres entre le gouvernement et les syndicats doivent reprendre. Mardi après-midi, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) seront de nouveau reçus à Matignon, avec Marc Fesneau et sa nouvelle ministre déléguée, Agnès Pannier-Runacher, nommée la semaine dernière. La Confédération paysanne et la Coordination rurale n’ont pas, pour l’heure, de rendez-vous prévu avec Gabriel Attal. Les deux organisations minoritaires doivent toutefois rencontrer Emmanuel Macron mercredi. Une entrevue traditionnelle qui a lieu chaque année avant le Salon de l’agriculture. Les deux ministres de l’Agriculture devront également recevoir «dans la semaine» les représentants agricoles pour échanger sur le projet de loi de renouvellement des générations, qui doit désormais être étoffé d’un volet sur la souveraineté alimentaire et d’un autre sur la simplification. Plusieurs fois reporté, il devrait être présenté d’ici le Salon.