Si rallier Paris depuis le Sud-Ouest en tracteur peut paraître un peu long sur le papier, dans la réalité, c’est pire. Notre copilote du jour, Claude Menara, ne nous contredira pas. En montant sur son bolide de 6,5 tonnes à Marmande dès 9 heures ce lundi, l’agriculteur de 66 ans ne s’attendait pas à rouler aussi lentement. Avec des pointes maximales à 50 km/h – 25-30 km/h la plupart du temps –, le cortège de 150 tracteurs, venus principalement du Lot-et-Garonne, l’un des points chauds de la mobilisation en France, a mis plus de dix heures pour rejoindre Limoges, une ville-étape de leur périple. «A se demander si les forces de l’ordre ne font pas exprès de ralentir notre arrivée», persifle un petit groupe d’agriculteurs.
Le lendemain (mardi matin), après le dîner et quelques heures de repos salutaires, il en faudra autant, voire plus, pour débarquer à Rungis, en banlieue parisienne. Une contrariété qui n’entame pas l’enthousiasme du cultivateur lot-et-garonnais, spécialisé dans le maïs, les haricots verts, les petits pois… : «On défend une cause qui mérite bien qu’on ait mal au cul pendant quelques heures. C’est une épopée, on ne vivra plus jamais un moment comme celui-ci.»
A lire aussi
Derrière lui, dans la file indienne qui s’étend sur plusieurs kilomètres, des centaines d’agriculteurs ont fait le déplacement pour «monter à Paris» à l’appel de la Coordination rurale du 47. Sur le terrain, on les reconnaît grâce à leurs bonnets jaunes siglés CR47. P