Trois agriculteurs encartés à la Coordination rurale (CR) dans la Creuse, dont son président, ont été condamnés par le tribunal de Guéret ce mercredi 2 juillet pour avoir dégradé des locaux de l’Office français de la biodiversité (OFB) et de la Mutualité sociale agricole (MSA).
Lors du procès au mois de mai, le parquet avait requis des peines allant de trois à cinq mois de prison avec sursis et des amendes de 150 à 400 euros. Au final, le tribunal a condamné l’un des prévenus à deux mois de prison avec sursis et l’autre à 150 euros d’amende, retenant seulement à leur encontre les faits de dégradation commis à la MSA, qui a obtenu 2 500 euros d’indemnisation. Le président de la CR23, lui, a été condamné à trois mois de sursis simple pour outrage envers un agent de l’OFB, mais relaxé comme les autres pour les dégradations commises à l’encontre de cet organisme.
Etat des lieux
«On a bien compris aujourd’hui que la justice n’était plus impartiale, qu’elle suivait les ordres du gouvernement, de l’État», a déploré le responsable syndical de la CR dans la Creuse, Paul Marchon, après le jugement. «C’est une honte, honte à cette justice, honte à ce gouvernement de salir les paysans, qui dénoncent un système qui les étouffe», a-t-il ajouté, précisant que les condamnés feraient appel.
Le 19 novembre 2024, les agriculteurs avaient déposé des tonnes de détritus devant les bureaux l’OFB, un organisme public dédié à la protection de l’environnement régulièrement pointé du doigt par la profession. Sur les murs, ils avaient tagué en jaune fluo «OFB, foutez-nous la paie (sic)». Ils ont également défoncé la porte de la Mutualité sociale agricole (MSA). «C’est la détresse des agriculteurs et le ras-le-bol paysan» qui s’est exprimé ce jour-là, ont tenté de faire valoir les trois hommes lors de leur procès le 21 mai. Lors de leur audience, les agriculteurs ont été soutenus par une centaine de leurs pairs, venus avec leurs tracteurs des régions voisines.
«Emmerdeurs»
En plus des dégradations, le dernier, Paul Marchon, le nouveau président de la Coordination rurale de Creuse, était jugé pour recel de vol avec circonstances aggravantes et outrage à personne dépositaire de l’autorité publique. Lors de la confrontation avec le chef de l’OFB en novembre, il avait lancé des phrases tels que «vous êtes des emmerdeurs», rapporte ICI Creuse.
«Mes propos sont virils mais corrects», avait-il rétorqué lors de son audience. Certains des membres de la Coordination rurale sont accusés de frayer avec l’extrême droite.