Menu
Libération
Epizootie

Dermatose bovine : la ministre de l’Agriculture confirme les abattages et déploie la vaccination

Alors que la fronde monte contre l’euthanasie des troupeaux touchés, Annie Genevard assume sa stratégie et annonce l’arrivée du vaccin la semaine prochaine.
La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, à l'Assemblée, le 8 juillet. (Guillaume Baptiste/AFP)
publié le 17 juillet 2025 à 11h51

Face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), Annie Genevard confirme son plan. La ministre de l’Agriculture a publié mercredi 16 juillet une stratégie de lutte contre cette maladie qui frappe les vaches françaises depuis le 29 juin. 24 foyers ont été confirmés, le 16 juillet au soir, dans 15 élevages, tous en Savoie et Haute-Savoie. La stratégie repose sur deux axes forts : la vaccination autour des foyers détectés et le «dépeuplement» des troupeaux entiers au moindre cas détecté.

Dans les faits, les abattages systématiques ont débuté il y a déjà deux semaines et ils rencontrent une opposition de plus en plus vive. Dans deux exploitations, des blocages d’agriculteurs empêchent les services vétérinaires de venir tuer les bêtes. Mercredi, deux vétérinaires «ont été violemment pris à partie», selon la préfecture de Savoie. «Ciblés par des insultes et des menaces graves, ils ont déposé plainte», précise le communiqué.

«Urgence absolue»

Cette fronde est orchestrée par les deux syndicats minoritaires de la Coordination rurale et de la Confédération paysanne. Les organisations parlent de la «catastrophe humaine» que représente l’abattage d’un troupeau entier. Pour elles, il n’est pas nécessaire d’abattre des vaches saines : elles préféreraient voir les troupeaux confinés le temps de l’incubation. A Entrelacs (Savoie), l’éleveur Pierre-Jean Duchêne refuse de voir mourir 121 vaches pour seulement 2 cas recensés sur son exploitation. Par ailleurs, les syndicats considèrent que la maladie ne se transmettant pas à l’humain, les mesures prises sont trop drastiques.

Les services vétérinaires ne sont pas d’accord avec cette vision. D’ailleurs la stratégie nationale adoptée ce mercredi lors d’une réunion extraordinaire du Comité national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale (Cnopsav) a été «validée à l’unanimité des membres, sauf une voix». Cette instance réunit les professions agricoles, les syndicats, des vétérinaires et des scientifiques. Selon la présidente de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires, Stéphanie Philizot, la France fait face à «une urgence absolue» pour éviter que la maladie ne s’installe dans le pays. Les zones où la DNC est endémique (Turquie, Maghreb, Afrique du Sud) connaissent des épizooties tous les trois à cinq ans qui rendent malades 5 à 40 % des troupeaux et tuent jusqu’à 10 % des bêtes. En France, où les vaches ne sont pas immunisées, dans une ferme, 50 % des vaches ont déclaré des symptômes cinq jours après la première détection. Jusqu’à 90 % du troupeau peut être touché.

La vaccination débutera la semaine prochaine

«Je suis pleinement mobilisée aux côtés des éleveurs pour les soutenir face à cette maladie émergente grave. Je connais leur attachement à leurs animaux», affirme Annie Genevard. Le ministère n’a pas communiqué le détail du calcul de l’indemnisation proposée à ceux qui perdent leur troupeau. La France insoumise s’est saisie du sujet. La députée Mathilde Panot a envoyé mercredi une lettre à la ministre pour dénoncer des «recommandations et protocoles […] disproportionnés et contre-productifs». «Nous craignons que la violence de l’abattage total comme réponse systématique ne crée un rejet compréhensible des protocoles sanitaires par les éleveurs et éleveuses», fait-elle valoir dans son courrier. L’enjeu est aussi économique. En effet, toutes les exploitations à moins de 50 kilomètres d’un cas perdent la possibilité de vendre leurs bêtes aux pays qui veulent acheter à des zones indemnes en DNC. Si la maladie se propage, tout l’Hexagone risque de perdre son statut d’indemnité.

Le seul consensus dans cette affaire, c’est l’urgence à vacciner les bêtes dans les zones à risque. «Quarante-huit heures seulement après la confirmation du premier foyer, l’Etat a commandé des doses de vaccins auprès de la banque de vaccins de la Commission européenne», fait valoir le ministère de l’Agriculture. Le vaccin consiste en une injection sous-cutanée. La protection est complète au bout de vingt et un jours et les effets secondaires, rares (moins de 0,02 %). Dès le début de la semaine prochaine, ils pourront être déployés dans les zones de 50 kilomètres autour des foyers identifiés. Une zone de 20 kilomètres autour de ces périmètres sera également mise en place pour déployer une surveillance supplémentaire. Dans ces deux zones, le déplacement des bovins est restreint.