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Mobilisation

Des agriculteurs en colère bloquent la frontière entre la France et l’Espagne

Les agriculteurs en colèredossier
Environ 3 000 agriculteurs des deux pays mènent ce lundi 3 juin des opérations de blocage des routes dans les Pyrénées-Atlantiques, l’Ariège et les Pyrénées-Orientales. Objectif : faire entendre leurs revendications avant les Européennes.
Des agriculteurs manifestant au niveau de la commune basque Astigarraga, en Espagne, lundi 3 mai 2024. (Vincent West/REUTERS)
publié le 3 juin 2024 à 11h29

Un nouveau «coup de pression» à moins d’une semaine du scrutin européen. Quatre mois après le grand mouvement de colère du monde agricole en France et en Europe, 3 000 agriculteurs français et espagnols ainsi que 1 000 tracteurs se mobilisent ce lundi 3 juin pour 24 heures. Ils entendent bloquer les routes de part et d’autre des Pyrénées.

Organisés sans bannière syndicale mais avec une forte présence de la Coordination rurale, les barrages ont commencé à bloquer les huit points de passage transfrontaliers depuis le Pays basque à l’ouest, jusqu’à la Catalogne à l’est. Ils perturbent le trafic autoroutier, notamment sur l’autoroute A9 fermée par la préfecture des Pyrénées-Orientales en début de matinée, les autoroutes A64 et A63 (Pyrénées-Atlantiques), et la départementale D900. Le réseau routier secondaire a également été interdit aux poids lourds par la préfecture, qui recommande «vivement […] de reporter tout déplacement vers l’Espagne et le secteur frontalier».

Les manifestants mènent cette action à l’approche de l’échéance des élections européennes, dimanche 9 juin : «On veut peser, car quand je parle au gouvernement, on m’explique que 80 % des lois agricoles se décident à Bruxelles, donc on a compris que maintenant le cheval de bataille n’était plus national, il était européen», souligne l’éleveur Jérôme Bayle.

«On ne demande pas le bout du monde, juste que l’Europe soit uniformisée dans la réglementation et les taxes». Une position soulignée par l’homme sur l’aire de covoiturage de Cazeres (Haute-Garonne) ce lundi matin, près du point de départ de la contestation paysanne en janvier, qui parle d’une «manifestation historique» grâce à la coordination des Français et des Espagnols.

Pour le respect des «clauses miroirs»

Les agriculteurs mobilisés demandent en particulier une énergie moins chère, grâce à une révision de leur fiscalité. Ils réclament ainsi la détaxation des énergies, une aide à l’accès au photovoltaïque sur les bâtiments, et le respect des «clauses miroirs» supposées permettre d’imposer aux agriculteurs de pays tiers les mêmes normes environnementales que celles prévues en Europe. «Il n’est pas normal qu’on nous impose, à nous, des normes qui ne sont pas respectées sur les produits qu’on importe», soutient Xabi Dallemane, l’un des organisateurs du rassemblement «sans étiquette» au Pays basque.

Côté espagnol, la mobilisation est conduite par des plateformes locales, pour la plupart nées ces derniers mois et organisées via des boucles Telegram, ce qui rend l’ampleur du mouvement difficile à prévoir. L’une d’elles, le collectif catalan Revolta Pagesa («révolte paysanne»), assure se battre «pour la défense de la terre» et «pour la souveraineté alimentaire».