En résumé :
- A travers toute la France, les services du renseignement territorial ont recensé mardi près de 120 points de blocage, avec 12 000 agriculteurs et 6 000 tracteurs mobilisés.
- En région parisienne, huit autoroutes sont toujours bloquées ce mercredi 31 janvier au matin. Sur trois d’entre elles, les agriculteurs se sont rapprochés de Paris, notamment sur l’A6 où les manifestants sont arrivés à Rungis. Certains se sont introduits dans le marché et la police a procédé à une centaine d’interpellations dans la journée.
- Après le discours du Premier ministre, Gabriel Attal, qui n’a guère convaincu mardi, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau se rend à Bruxelles dans l’après-midi pour évoquer ce sujet. Emmanuel Macron y sera jeudi pour s’entretenir avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Le gouvernement va bientôt sortir du bois pour calmer les agriculteurs. Sur LCI, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, a promis des mesures «sur l’élevage» et «des mesures de simplification» venant «compléter ce qu’a dit le Premier ministre vendredi» d’ici «demain ou après-demain». Il affirme travailler sur ces annonces depuis des jours avec Gabriel Attal. «Ce ne seront pas seulement des mesures de conjoncture», a-t-il insisté. Il y aura «une panoplie de mesure» pour montrer que «quelque chose a vraiment changé». Selon lui, Emmanuel Maron devrait aussi avoir «une parole forte» sur le sujet demain à Bruxelles. Il n’y a plus qu’à.
106 agriculteurs placés en garde à vue à Rungis. «Une ligne rouge a été franchie». Le préfet de police de Paris n’a pas aimé les actions des agriculteurs massés autour du marché de Rungis aujourd’hui. «Troubles à l’ordre public, débordements, c’est ce qui s’est passé à Rungis», déclare Laurent Nuñez, parlant aussi de «dégradations». Il rappelle que «se rendre sur le marché de Rungis pour en perturber le fonctionnement» était «une ligne rouge» décrétée par le gouvernement pour justifier une intervention des forces de l’ordre. Au total, 91 personnes ont été interpellées et vont être placées en garde à vue après l’intrusion en fin de journée et 15 l’avaient été plus tôt en raison d’un blocage d’un accès au site. Leur garde à vue a été levée.
Laurent Nuñez, préfet de police de Paris sur les agriculteurs à Rungis: "La ligne rouge a été franchie (...) 91 personnes ont été placées en garde à vue" pic.twitter.com/TQ8UzMQ70g
— BFM Paris Île-de-France (@BFMParis) January 31, 2024
Le convoi d’agriculteurs du Sud-Ouest vers Rungis passe la nuit dans le Loiret et à Etampes. Bloquée par les forces de l’ordre dans le Loiret, une partie du convoi d’agriculteurs parti du Sud-Ouest à destination du marché de gros de Rungis (Val-de-Marne) à l’appel de la Coordination rurale, a décidé d’y passer la nuit. «On reste là ce soir. On attend de voir ce qu’ils vont faire de nos gars en garde à vue. Ce soir, on dort dans une salle chauffée mise à disposition par la mairie (de Sully-sur-Loire). On verra demain matin ce qu’on fait», a déclaré mercredi soir aux journalistes Jean-Pierre Labeau, de la Coordination rurale (CR). «On a un autre groupe qui reste vers Etampes», en Essonne, a-t-il ajouté. La préfecture du Loiret a fait savoir sur X que «les ponts de Jargeau, Châteauneuf-sur-Loire et Sully-sur-Loire resteront fermés à la circulation cette nuit, jusqu’à nouvel ordre».
Et si une véritable transition écologique était la solution ? Une autre agriculture, plus durable et résiliente, pourrait répondre au mal-être social et économique de la profession. Les rapports scientifiques qui le démontrent se multiplient : l’agriculture a un rôle central à jouer dans la transition environnementale. Et la mise en place de ce qu’on appelle l’agroécologie, nécessaire pour protéger la biodiversité et la ressource en eau et faire face au dérèglement climatique, pourrait être compatible avec un meilleur revenu et une meilleure qualité de vie pour les agriculteurs. A condition qu’ils soient accompagnés. Retrouvez notre dossier dans notre journal de demain.
Les appels à mobilisations pour jeudi sont maintenus. Malgré des concessions de Paris et Bruxelles, la colère ne retombe pas mercredi soir chez les agriculteurs qui maintiennent la pression sur les autoroutes et autour de Rungis. Un appel européen à la mobilisation à Bruxelles demain a été lancé. En France, les tracteurs poursuivent leurs blocages de divers sites. La Confédération paysanne veut maintenir la pression sur les centrales d’achat et les sites logistiques. Elle annonce bloquer «désormais 4 sites en lien avec des plateformes logistiques : Loire-Atlantique, Isère, Vaucluse et depuis aujourd’hui le Cher». Sur l’A6, les tracteurs sont venus au contact des blindés des forces de l’ordre. A Rungis, les agriculteurs qui avaient réussis à s’introduire dans le marché ont été interpellés.
A Rungis, les derniers agriculteurs se font embarquer par les forces de l’ordre. Ils sont envoyés au commissariat de Créteil pour “dégradation”, bien que les manifestants affirment n’avoir rien dégradé. pic.twitter.com/GoRm0NkJmZ
— Eléonore Disdero (@EDisdero) January 31, 2024
Les céréaliers français veulent voir réinstaurer des droits de douane pour les produits ukrainiens. «On est extrêmement déçus. Le problème est crucial pour les céréales. Entre 2021 et 2023, les importations de blé ukrainien dans l’Union européenne ont été multipliées par vingt. On est passé de 215 000 tonnes de blé en 2021 à 5 millions de tonnes en 2023», a déclaré Eric Thirouin, le président de l’Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB). Pour tenter de répondre à la colère des agriculteurs, Bruxelles a annoncé pour les produits «sensibles» - volaille, œufs et sucre -, un «frein d’urgence» pour limiter le volume des importations aux niveaux moyens observés en 2022 et 2023, niveaux au-delà desquels des droits de douane seraient réimposés.
100 à 300 tracteurs attendus à Bruxelles pour le sommet de l’UE. Ils vont venir de toute l’Europe pour converger à Bruxelles. Plusieurs centaines de tracteurs sont attendus jeudi à Bruxelles pour une manifestation d’agriculteurs venus de plusieurs pays dans le quartier européen, en marge d’un sommet des dirigeants des Vingt-Sept, a indiqué mercredi un syndicat wallon. «Entre 100 et 300 tracteurs vont converger vers Bruxelles. Ils se dirigeront vers la place du Luxembourg» devant le Parlement européen, a indiqué une porte-parole de la Fédération wallonne de l’agriculture (FWA). Au moins un demi-millier de manifestants devraient être présents, dont des délégations d’agriculteurs français, espagnols et portugais, indique-t-on à la FWA. «Ce sera complètement international», a insisté sa porte-parole.
400 tracteurs de l’Aveyron déployés à Rodez. Près de 400 tracteurs, provenant de tout l’Aveyron, étaient mobilisés mercredi dans le centre de Rodez, où les agriculteurs ont jeté de la paille sur la Maison de ma Région, qui propose aux Ruthénois les services de la région Occitanie. Affichant des pancartes aux slogans : «Fesneau démission», «Alerte Paysans en colère !», des centaines d’agriculteurs ont convergé mercredi à la mi-journée vers le centre de Rodez, suite à un appel de la FDSEA et des JA du département. «Si on est là aujourd’hui, c’est avant tout pour mettre la pression sur le gouvernement, et on s’en est donné les moyens. Nous voulons des perspectives sur le long terme», a indiqué Michael Garrigues, responsable des Jeunes agriculteurs (JA) Aveyron.
La police interpelle des agriculteurs qui se sont introduits dans le marché de Rungis. Deux hommes se sont fait interpeller pour «dégradation», annonce le président de la chambre d’agriculture du Lot et Garonne au groupe de la Coordination rurale, encerclé par les forces de l’ordre après être entré de force dans un bâtiment de Bolloré Logistic au marché de Rungis. «Nous allons tous devoir aller au commissariat de Créteil», poursuit-il. «C’est pour nous contenir et éviter qu’on se réunisse avec d’autres groupes qui approcheraient Rungis», analyse un agriculteur. «Vous n’avez rien vu, rien entendu, rien fait et vous n’avez rien à déclarer», briefe le chef à ses troupes encerclées par la police. Des camions sont arrivés pour les embarquer. La police communique sur 79 interpellations. 18 interpellations et 15 garde à vue avaient déjà eu lieu ce matin. Par Eléonore Disdero.
En Espagne, les syndicats agricoles seront reçus vendredi par le gouvernement. Le ministre espagnol de l’Agriculture a annoncé mercredi qu’il recevrait en urgence vendredi les principaux syndicats agricoles du pays pour discuter des problèmes rencontrés par le secteur, qui a annoncé rejoindre le mouvement de colère des agriculteurs européens. Cette réunion «répond à une demande formulée» par les trois principaux syndicats, à savoir l’Asaja, l’UPA et la Coag, souligne dans un court communiqué le ministère. Elle se tiendra «au siège du ministère», en présence du ministre Luis Planas, est-il précisé. Cette annonce survient alors que ces trois organisations, majoritaires chez les agriculteurs, ont indiqué mardi rejoindre le mouvement de colère des agriculteurs européens, avec une série de «mobilisations» au cours des «prochaines semaines». Le secteur agricole «est confronté à une frustration et un malaise croissants», en raison «de la bureaucratie étouffante générée par les réglementations européennes», ont justifié les syndicats, qui souhaitent leur «assouplissement» ainsi qu’un «plan d’action» pour les agriculteurs.
Marine Tondelier joue la proximité avec le monde agricole. «Nous ne sommes pas les ennemis des agriculteurs», a déclaré la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, mercredi depuis une ferme de Bourgogne, où elle dit «soutenir totalement» les paysans dans leur combat pour un «juste revenu». «Je ne suis pas du tout mal aimée des agriculteurs», a assuré cette petite-fille de paysans du Pas-de-Calais, après avoir caressé des vaches bazadaises, une espèce menacée élevée dans une exploitation bio de Villebichot (Côte-d’Or), près de Dijon. «J’ai même rencontré Interbev», l’association du bétail, «alors que je suis végane depuis 15 ans», a martelé Marine Tondelier. «Les fermes, c’est le type de déplacement que je fais le plus !», a-t-elle ajouté. Dans le ras-le-bol général, les exigences supplémentaires pour s’adapter au changement climatique ont du mal à passer, a admis pour sa part le député européen Benoît Biteau. «Tant que la profession crève, rien de plus ne sera acceptable», a-t-il jugé, en réclamant une juste «rémunération de ceux qui prennent soin de la nature».
Moment de tension à Rungis. Après une photo souvenir devant les bâtiments de Rungis, les agriculteurs de la Coordination rurale tentent de forcer le passage pour rentrer. Après avoir semé les policiers, quelques-uns réussissent leur coup : ils entrent puis ressortent des bâtiments. «C’est symbolique, on casse rien» répondent-ils aux forces de l’ordre qui leur intiment de se calmer. L’objectif était de rentrer pour prendre des photos des produits importés et vendus à prix cassés. La brav-m débarque soudainement pour encercler les manifestants. «Au moins on dormira au chaud» rigole un agriculteur. L’ambiance se détend quand les bonnets jaunes applaudissent les agents. Par Eléonore Disdero.
Des agriculteurs de la Coordination rurale forcent le passage et tentent d’entrer dans les bâtiments du marché de Rungis. pic.twitter.com/HjbQYdUBnu
— Eléonore Disdero (@EDisdero) January 31, 2024
En Italie aussi, les agriculteurs poursuivent leurs manifestations dans tout le pays. De la Sardaigne au Piémont, des milliers d’agriculteurs italiens ont manifesté mercredi, descendant dans les rues et les ports avec des centaines de tracteurs dans l’intention de se rendre à Bruxelles. «L’agriculture est en train de mourir», «No farmers, no food, no future» («Pas d’agriculteurs, pas de nourriture, pas d’avenir») : à Cuneo (nord), une centaine de tracteurs ont organisé un convoi dans la ville en klaxonnant à leur passage. A Novare, une autre ville du Piémont, ce sont plus de 200 tracteurs qui se sont rassemblés devant le stade local pour protester contre la politique agricole de l’Union européenne (UE), tandis qu’à Alessandria, dans la même région, les agriculteurs ont protesté avec 300 autres tracteurs. En Sardaigne, le port de Oristano, sur la côte ouest, a été bloqué par une trentaine de tracteurs, tout comme celui de Cagliari, principale ville sur la côte sud.
«On est patient, ça fait 20 ans qu’on attend !» Autour de Rungis, les agriculteurs ne désarment pas. A Rungis, à la porte de Paray-Vieille-Poste, les tracteurs ont quitté un à un l’accès au marché pour aller se garer plus loin dans la zone industrielle. «On veut nous faire taire», affirme Frédéric Ferrand, céréalier de la Haute-Saône et le seul agriculteur du convoi qui reste posté devant l’entrée du marché. Plus loin, au Castorama, un groupe de quelques dizaines d’agriculteurs de la Coordination rurale attendent les instructions pour la suite. «On est patient, ça fait 20 ans qu’on attend !» Sébastien Bruyère est arrivé du Tarn et tient à nous montrer une vidéo : dans le Cher, des gendarmes ont voulu poursuivre des tracteurs à travers champ mais se sont embourbés. «Les copains ont fait demi-tour pour venir les chercher, comme quoi, on n’est pas des méchants !» L’un des chefs rassemble soudain les troupes : «On va marcher jusqu’à Rungis pour montrer qu’on est là !» Les drapeaux sont sortis et le groupe se met rapidement en marche, sous l’œil des forces de l’ordre. Par Eléonore Disdero.
A pied, plusieurs dizaines d’agriculteurs de la Coordination rurale se mettent route pour Rungis. Les forces de l’ordre suivent le convoi de près. pic.twitter.com/Rfawxy5apC
— Eléonore Disdero (@EDisdero) January 31, 2024
La concession de l’UE sur les jachères est jugée trop «limitée». La dérogation partielle sur l’obligation de jachères, proposée mercredi par Bruxelles pour 2024, intervient «tardivement» dans le calendrier agricole et reste «limitée», a regretté le Copa-Cogeca, organisation des syndicats agricoles majoritaires dans l’UE. Outre les jachères, la puissante organisation avait réclamé des dérogations sur d’autres obligations de la nouvelle Politique agricole commune (PAC), comme la rotation des cultures. «Nous espérons que les États membres renforceront encore cette proposition», indique le Copa-Cogeca.
Les transporteurs demandent des «mesures de soutien à très court terme» pour des entreprises «exsangues». Le mouvement des agriculteurs fragilise les transporteurs. «Nos entreprises subissent des blocages inacceptables de leur activité, tant sur les axes routiers que sur les sites logistiques et autour des places portuaires et aéroportuaires», a décrit dans un communiqué l’Union des Entreprises de Transport et de Logistique de France (Union TLF). L’organisation alerte sur «les conséquences dramatiques de cette situation qui n’a que trop duré». Les blocages des agriculteurs en colère ont mis à l’arrêt des milliers de camions en France, et provoqué de nombreux retards et frais supplémentaires chez les transporteurs. Plusieurs camions étrangers ont été arrêtés dans la nuit de jeudi à vendredi sur la nationale 7 près de Montélimar (Drôme), bloquée par les tracteurs. Des manifestants en ont fait autant pour les autoroutes et également vidé des camions transportant des produits étrangers. Union-TLF demande des mesures de soutien «à très court terme», comme l’étalement d’échéances fiscales et sociales, des exonérations de cotisations sur les heures de travail engendrées par les blocages et le prolongement des délais de remboursement des prêts garantis par l’Etat. Pour l’OTRE, la priorité est de demander «des mesures financières compensatoires car nous sommes victimes d’une situation qu’on n’a pas voulue», d’après Jean-Marc Rivera. Il demande surtout le maintien d’une fiscalité avantageuse sur le gazole, avec le prolongement du remboursement partiel de la TICPE en 2025.
La FNSEA attend des réponses «en profondeur». «L’attente est énorme» parmi les agriculteurs qui manifestent en France, a souligné le patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau, devant les sénateurs. «Elle peut être même au-delà de ce qu’on imagine, avec évidemment […] des sujets qui ne se règlent pas en trois jours. Donc j’essaie d’appeler au calme et à la raison». Mais si le gouvernement n’apporte pas de réponses «en profondeur», le Salon de l’agriculture fin février ne sera pas «une visite de santé» pour les responsables politiques, a prévenu Arnaud Rousseau. La grogne remonte jusqu’à Bruxelles, où le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, se trouve mercredi après-midi, avant le président de la République, Emmanuel Macron, jeudi, pour défendre plusieurs revendications des agriculteurs. Sans attendre leur arrivée, la Commission européenne a donné des gages. Elle a annoncé qu’elle allait accorder pour 2024 une dérogation «partielle» aux obligations de jachères imposées par la Politique agricole commune (PAC), une revendication de longue date et renouvelée sur les barrages des agriculteurs. La Commission a aussi assuré qu’elle introduirait des «mesures de sauvegarde» pour éviter que l’exemption de droits de douane dont bénéficient les produits agricoles ukrainiens entrant dans l’UE depuis la guerre avec la Russie ne perturbe le marché européen. Des propositions saluées par Marc Fesneau sur X.
Des mois de travail de la France, une coalition construite patiemment avec l’ensemble des collègues européens que je remercie, une solution simple et pragmatique qui conjugue transition et production. Merci à la @EU_Commission d’avoir fait droit à cette demande légitime et juste. https://t.co/4r4RiGjon9
— Marc Fesneau (@MFesneau) January 31, 2024
Colère des agriculteurs : jachères et importations ukrainiennes, l’UE met des mesures sur la table. Des mesures pour répondre à la colère des campagnes, qui s’étend désormais à travers à plusieurs pays du contient. Alors que les tracteurs bloquent des routes en France, en Belgique, en Allemagne ou encore en Italie ou en Espagne, la Commission européenne a formulé ce mercredi 31 janvier deux propositions concernant les obligations de jachères et les importations de produits agricoles de pays extra-communautaires, notamment l’Ukraine. Bruxelles propose d’abord d’accorder pour 2024 une dérogation «partielle» aux obligations de jachères imposées par la Politique agricole commune (PAC), qui cristallisent ces dernières semaines la grogne des exploitants. Une dérogation avait déjà été accordée en 2023 pour cette règle imposant de laisser au moins 4 % des terres arables en jachères ou surfaces non-productives. Cette obligation serait suspendue pour 2024, à condition que les agriculteurs atteignent 7 % de cultures intermédiaires ou fixatrices d’azote, précise l’exécutif européen - un assouplissement réclamé par une majorité des Etats membres dont la France.
Pour aller plus loin
Les écologistes demandent à Macron de former «une coalition» d’Etats contre l’accord avec le Mercosur. La tête de liste écologiste aux européennes Marie Toussaint demande à Emmanuel Macron de «passer des paroles aux actes» et de s’atteler dès jeudi, lors du sommet européen à Bruxelles, à «former une coalition d’Etats-membres contre l’accord UE-Mercosur». «Ce jeudi, la France doit porter haut et fort» une des revendications du mouvement agricole français : «l’arrêt de l’accord commercial UE-Mercosur» (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), écrit Marie Toussaint dans une lettre au chef de l’Etat, signée aussi par les chefs des groupes parlementaires écologistes à l’Assemblée et au Sénat, et les eurodéputés écologistes. Alors que la colère des agriculteurs ne faiblit pas en France, «œuvrez dès ce sommet européen à la formation d’une coalition d’Etats-membres contre l’accord UE-Mercosur», demande l’eurodéputée au président, sinon «votre opposition restera une opposition de façade». Emmanuel Macron s’est exprimé à plusieurs reprises contre la conclusion de cet accord, mais «il ne pourra suffire de demander le report des négociations», insiste Marie Toussaint.
Quinze des dix-huit agriculteurs interpellés à Rungis ont été placés en garde à vue. C’était la ligne rouge. Plusieurs agriculteurs ont tenté d’investir le marché de Rungis, au sud de Paris, la police est donc intervenue. Dix-huit personnes ont été interpellées et quinze mises en garde à vue pour «entrave à la circulation des véhicules sur une voie publique», a précisé le parquet de Créteil. Une dizaine de véhicules de CRS sont déployés sur place et les forces de l’ordre filtrent les entrées sur Rungis.