En résumé :
- Le mouvement des agriculteurs est entré dans une nouvelle phase, ce lundi 29 janvier, avec le blocage des accès à la capitale par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs. L’autoroute A13 a été bloquée dans le sens Normandie-Paris, tout comme l’A4 au niveau de Jossigny (Seine-et-Marne) l’A6 et l’A15.
- Le ministère de l’Intérieur a annoncé la mobilisation ce lundi de 15 000 membres des forces de l’ordre pour empêcher notamment que les tracteurs n’entrent dans «Paris et les grandes villes».
- Une nouvelle réunion de négociation doit se tenir ce lundi à Matignon. Après une première salve d’annonces pas satisfaisantes selon les représentants des syndicats agricoles, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a fait savoir en Conseil des ministres que des «nouvelles mesures seront prises dès demain».
Le cortège de Lot-et-Garonne fait un point d’étape à Limoges. La nuit est tombée, le cortège lot-et-garonnais vient d’arriver à Limoges en tracteur. Ce soir c’est bonne franquette, les agriculteurs ont emmené du pain, du pâté, du vin , du fromage, des duvets et des matelas pour dormir dans les locaux de la Chambre d’agriculture prêtée pour l’occasion. La nuit sera courte, ils comptent repartir dès 5 heures du matin en direction de Rungis pour bloquer le marché alimentaire. Ce soir, les discours d’encouragement se succèdent pour rebooster les troupes avant de repartir pour minimum 10 heures de route.
Dati fait de la «ruralité» sa priorité pour la culture. La voilà métamorphosée. A peine une dizaine de jours après son entrée au gouvernement en tant que ministre de la Culture, celle qui ambitionnait de devenir maire de Paris assure désormais qu’elle fera de la «ruralité» la priorité de son action. «J’ai voulu en faire la priorité du début de ma mission. Cela a fait sourire tous ceux qui m’imaginaient ne pas franchir le périphérique», a déclaré Rachida Dati lors de ses vœux aux acteurs culturels et à la presse depuis le Musée de l’histoire de l’immigration, à Paris. En pleine crise du milieu agricole, elle a évoqué un rapport, dont elle dit avoir demandé la publication, montrant que dans des territoires ruraux habités par 22 millions de personnes, on ne trouvait que 5% des «scènes labellisées spectacle vivant».
Blocages d’agriculteurs autour de Paris : «Il faut redonner de la dignité à notre métier». Sur les autoroutes dans l’Essonne comme dans le Val-d’Oise, les agriculteurs sont déterminés à poursuivre les blocages tant qu’ils n’auront pas reçu de réponse satisfaisante de l’exécutif. Le reportage de nos envoyés spéciaux à lire ici.
Près de 10 000 agriculteurs mobilisés. Le monde agricole ne relâche pas lundi soir la pression sur le gouvernement qui promet de «nouvelles mesures» dès mardi après un premier volet jugé insuffisant. Selon une source policière, «un peu moins de 10 000 agriculteurs étaient mobilisés sur le terrain dans toute la France» lundi en fin d’après-midi, «avec près de 5 000 engins». «Les blocages autour de Paris comptent un millier d’agriculteurs et un peu plus de 500 engins», selon cette même source qui relève que «l’objectif de tenir jusqu’à vendredi est manifeste». Le gouvernement laisse faire et encadre les manifestants, mais veut empêcher que les tracteurs n’entrent dans «Paris et les grandes villes», le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin demandant de la «modération» à ses troupes.
Les tracteurs du Lot-et-Garonne avancent vers Rungis. Le cortège de 150 tracteurs du Lot-et-Garonne continue son périple jusqu’à Rungis. Prochaine étape pour la Coordination rurale : Limoges. Selon notre correspondante, Eva Fonteneau, les agriculteurs espèrent rallier un maximum de collègues sur le chemin.
Le convoi de tracteurs du 47 avance doucement mais sûrement vers Rungis. Prochaine étape : Limoges. Pâté, rôti, fromage, vin rouge, kiwis.... les agriculteurs ont pris de quoi se ravitailler. Sur le chemin, ils espèrent rallier le maximum de collègues #AgriculteursEnColere @libe pic.twitter.com/GccwknFATl
— Eva Fonteneau (@FonteneauEva) January 29, 2024
Barnum, barbeuc et BFM. Un feu de palettes et un barbecue sont allumés sur l’A6. Les agriculteurs ont aussi monté un barnum, un algeco, et branché une télé sur les enceintes pour écouter leur représentant sur BFMTV. «On se relaiera pour rester au moins jusqu’à jeudi», assurent plusieurs participants. De notre envoyé spécial Fabien Leboucq.
Un feu de palettes et un barbecue sont allumés sur l'A6. Les agriculteurs ont aussi monté un barnum, un algeco, et branché une télé sur les enceintes pour écouter leur représentant sur BFMTV. "On se relaiera pour rester au moins jusqu'à jeudi" assurent plusieurs participants. pic.twitter.com/zoCEEXX1vF
— Fabien Leboucq (@LeboucqF) January 29, 2024
En image : «Pas de pays sans paysans».
Le bâtiment réclame à son tour la fin de la hausse de la taxe sur le gazole. Le mouvement des agriculteurs fait des émules. Les artisans du bâtiment réclament à leur tour la fin de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR) accordée par le gouvernement aux agriculteurs, dénonçant une «iniquité de traitement», selon un communiqué transmis lundi à l’AFP. En réponse au profond malaise du monde agricole, Gabriel Attal a annulé vendredi la hausse du gazole non routier en préservant l’intégralité de la niche fiscale pour le monde agricole. Mais pour la Capeb, l’organisation patronale des artisans du bâtiment, «il ne peut être raisonnablement envisageable» que l’objectif de hausse progressive du GNR décidée au 4e trimestre 2023 repose uniquement «sur les épaules des entreprises du BTP dans un contexte, de plus, où aucune alternative aux engins fonctionnant au GNR ne s’offre à ces mêmes entreprises».
«Aller à Paris en tracteur, c’est une épopée». «On sait quand on part, on ne sait pas quand on reviendra», s’amuse Claude Menara, un agriculteur de 66 ans basé à Bouglon dans le Lot-et-Garonne. Au volant de son tracteur, un bolide de 6 tonnes, il fait des pointes à 50km/h sur la nationale, pressé d’arriver à Rungis pour visibiliser la cause. «Aller à Paris en tracteur, c’est une épopée, on vit un moment historique ! Je fais ça pour mon fils qui a repris l’exploitation. Entre les sécheresses, les épisodes de grêle, la réglementation toujours plus forte, la concurrence déloyale des pays étrangers… Aujourd’hui on se retrouve à vivre des aides, c’est honteux. Nous on veut pouvoir vivre de notre travail. L’agriculture est sacrifiée au profit de la finance et des magouilles politiques.» Par notre correspondante, Eva Fonteneau.
Démocratie directe sur l’asphalte de l’A6. Sous le barnum, la bière coule. Mais un groupe s’en tient à l’écart. Parmi eux, des élus venus écouter les représentants locaux de la FNSEA. «On n’arrêtera pas les blocages tant que les responsables nationaux ne nous l’auront pas demandé», prévient Frédéric Arnoult, patron du syndicat dans l’Essonne. Ses revendications tiennent en quatre points : l’arrêt de la «surtransposition» des normes venues de Bruxelles, la remise en cause du Green Deal européen, l’application de la loi Egalim, et la simplification des procédures administratives. On en avait oublié un, mais la députée Marie Guévenoux nous l’a rappelé au sortir de ce petit moment de démocratie directe. La député promet de répéter tout ça dès ce soir au Premier ministre Gabriel Attal. Par notre envoyé spécial, Fabien Leboucq.
Plusieurs élus locaux et deux parlementaires (Renaissance) échangent avec des représentants de la FNSEA, en marge du blocage sur l'A6. Discussion polie mais à sens unique : les agriculteurs exposent leurs revendications, les édiles écoutent et acquiescent. pic.twitter.com/3Lemz0EPNS
— Fabien Leboucq (@LeboucqF) January 29, 2024
En image. Sur une portion de l’autoroute A6, près de Villabé (Essonne).
«Des nouvelles mesures seront prises dès demain par le gouvernement». A la veille du discours de politique général de Gabriel Attal, la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot a dit ce lundi à la sortie du Conseil des ministres : «Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a fait savoir que des nouvelles mesures seront prises dès demain (mardi) par le gouvernement» pour répondre à la crise du monde agricole. Une rencontre est prévue dès ce soir entre le Premier ministre et les organisations représentatives. «Nous sommes mobilisés depuis l’élection du président à défendre l’agriculture à la française», a-t-elle insisté en conspuant ceux qui «ont découvert l’existence des agriculteurs la semaine dernière». Une manière de dénoncer, sans les nommer, la tentative de récupération du RN, cet «opportunisme cynique» visant à «nourrir leur manège électoral», appuie la porte-parole. Le gouvernement sera lui «au rendez-vous de nos résultats», assure-t-elle.
Macron va s’entretenir avec Ursula von der Leyen jeudi à Bruxelles au sujet des agriculteurs. La crise du monde agricole français prend racine et s’étend bien au-delà de nos frontières. Emmanuel Macron va par conséquent s’en entretenir avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen jeudi à Bruxelles, une entrevue durant laquelle il sera notamment question des mesures de soutien que les agriculteurs demandent au niveau de l’UE, a annoncé l’Elysée. L’échange, qui aura lieu en marge d’un Sommet européen extraordinaire sur le budget de l’UE, portera notamment sur l’accord commercial en négociation entre l’UE et le Mercosur, les jachères imposées aux agriculteurs et l’arrivée de produits ukrainiens dans l’Union, a précisé la présidence française.
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«On veut juste aller travailler sans stress.» Pour Céline Helleissen, agricultrice du Val d’Oise, la coupe est pleine. «On nous demande d’être agriculteur, secrétaire, technicien, trader et bientôt veto.» Elle, demande simplement à «pouvoir vivre» de son métier dignement. «On ne parle pas beaucoup de nous en dehors des mouvements de contestation, on se demande parfois si la société veut encore de nous.» Référence à peine masquée aux écolos, qui, peut-être, «méconnaissent» le métier. Sourire aux lèvres, elle conclut depuis le point de blocage de l’A15 : «On veut juste aller travailler sans stress.» Par notre envoyée spéciale, Eléonore Disdero.
Sous les Klaxons de soutien des automobilistes, les agriculteurs ont déployés les Barnum pour s’installer dans la durée. «Nous sommes désormais agriculteur, secrétaire, trader, technicien et parfois même veto. Ça ne peut plus durer», dénonce Céline, une agricultrice du 95. pic.twitter.com/wGpPuyNne8
— Eléonore Disdero (@EDisdero) January 29, 2024
150 tracteurs s’élancent depuis Bergerac en direction de Rungis. Le début d’un périple. Un cortège de 150 tracteurs, mené par la Coordination rurale 47 et 24, s’est élancé depuis Bergerac en direction du marché alimentaire de Rungis, dans la banlieue parisienne, pour le bloquer. La route s’annonce encore longue à maximum 40km/h. Par notre correspondante, Eva Fonteneau.
Un cortège de 150 tracteurs, mené par la Coordination rurale 47 et 24, s'est élancé depuis Bergerac en direction du marché alimentaire de Rungis, dans la banlieue parisienne, pour le bloquer. La route s'annonce encore longue à maximum 40km/h 🚜 #AgriculteurEnColere @libe pic.twitter.com/NcXMBczgRP
— Eva Fonteneau (@FonteneauEva) January 29, 2024
Un sapin installé sur l’A15 : «Maintenant, on attend les cadeaux». Sur l’A15, près d’un camion floqué du désormais célèbre slogan «Notre fin sera votre faim», Damien Radet, polyculteur et adhérent de la FNSEA Ile-de-France déroule : «Il y a une mésentente totale avec le gouvernement. Dans son discours de vendredi, le Premier ministre a assuré que la France avait besoin de nous, mais il ne nous a rien donné.» L’agriculteur a trois exigences. «D’abord, il faut arrêter les transpositions des règles européennes qui favorise la concurrence déloyale. Il faut redonner de la dignité à notre métier et ramener de la rentabilité dans nos exploitations.» Peu importe la couleur du syndicat, tous les agriculteurs sont concernés. La preuve, dit-il, «on est tous dehors». «C’est simple, soit on décide qu’on a besoin de nous et on fait avancer les choses, soit on fait sans nous et c’est la fin de l’agriculture française.» Au milieu des tracteurs, un sapin a été installé. «Maintenant, on attend les cadeaux», s’amuse Damien Radet. Par notre envoyée spéciale, Eléonore Disdero.
Karine Le Marchand distribue des croissants sur l’A4. La présentatrice de l’émission L’Amour est dans le pré sur M6, Karine Le Marchand était, ce lundi après-midi sur l’A4 à Jossigny, pour apporter son soutien aux agriculteurs. C’est les bras chargés de croissants, un «symbole» fait-elle valoir, qu’elle s’est présentée auprès d’eux, portant par ces viennoiseries le soutien des boulangers et restaurateurs d’Ile-de-France «qui savent ce qu’ils vous doivent et veulent vraiment continuer à manger français».
💬 "On vous aime et on vous remercie"
— BFMTV (@BFMTV) January 29, 2024
Karine Le Marchand apporte des croissants aux agriculteurs qui bloquent l'A4 pic.twitter.com/faGLnkbAJs
Les patrons de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs conviés chez Attal à 18 heures. Les patrons du premier syndicat agricole français FNSEA et des JA (Jeunes agriculteurs) sont conviés ce lundi à Matignon pour une rencontre avec Gabriel Attal en fin de journée, a appris l’AFP lundi de sources concordantes. Arnaud Rousseau au nom de la FNSEA et Arnaud Gaillot pour les JA ont rendez-vous chez le Premier ministre à 18 heures en présence des ministres l’Agriculture Marc Fesneau et de la Transition écologique Christophe Béchu, alors que le blocage de plusieurs autoroutes par des tracteurs a débuté, notamment autour de Paris. Tant Matignon que les syndicats concernés n’étaient pas en mesure de confirmer cette rencontre.
«Nous n’avons pas d’annonce de départ». Sur l’A15, la cinquantaine de tracteurs à peine arrivée, les agriculteurs s’affairent pour s’installer dans la durée. «On va déployer les barnums et mettre des toilettes», déroule Aurélie Minet, de la FNSEA. «Nous n’avons pas d’annonce de départ, à voir selon les annonces du gouvernement.» Les agriculteurs, eux, ont déjà prévu de passer la nuit sur cette portion d’autoroute. Les automobilistes et motards en sens inverse klaxonnent le cortège, en signe de soutien, poing levé et pouce en l’air. Par notre envoyée spéciale, Eléonore Disdero.
«On restera là tant qu’il le faudra». Les tracteurs sont arrêtés. Des bottes de foin sont déchargées à l’avant du convoi, qui bloque l’A6 en direction de Paris. Plusieurs journalistes courent après les agriculteurs. On commence une interview de plusieurs d’entre eux, mais rapidement Nicolas Guinet sort du lot. Il a le verbe et les yeux clairs : «On restera là tant qu’il le faudra.» Lui a pris son nécessaire pour dormir sur place : «Et après on se relaiera.» Avec sa doudoune de la FNSEA, il déplore les limitations de l’usage de produits phytosanitaires, et «la paperasse qui nous étouffe». Au point qu’il n’est pas sûr de souhaiter à ses enfants de reprendre son exploitation en polyculture, dans le sud de la Seine-et-Marne. Vendredi, il participait à un blocage à Fontainebleau. Il est dorénavant aux portes de Rungis qu’il ne veut pas bloquer entièrement - «car c’est là qu’on vend nos produits» - mais dont il aimerait filtrer les entrées, pour y interdire les produits étrangers. Par notre envoyé spécial, Fabien Leboucq.