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Libération
Reportage

En Guadeloupe, les difficiles efforts vers une filière 0 % chlordécone

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Dans le croissant bananier de la Basse-Terre, les sols restent lourdement pollués trente ans après les derniers épandages. Si plusieurs dispositifs existent, ils restent souvent méconnus.
Des parcelles agricoles encore majoritairement occupées par des plantations de bananes, au sein de l’exploitation agricole de Ludjyh Melange, à Capesterre-Belle-Eau, le 7 mars 2025. (Sandrine Gueymard/Hans Lucas pour Libération)
par Ludovic Clerima, correspondant en Guadeloupe et photo Sandrine Gueymard
publié le 10 mars 2025 à 20h17

Il semble bien tranquille, le taureau de Ludjyh Melange, éleveur bovin et producteur de bananes à Capesterre-Belle-Eau, en Basse-Terre. Dans son écrin de verdure avec vue sur mer, l’animal de près de 700 kilos broute pour quelques jours encore : «Je voulais l’amener à l’abattoir, mais ce n’est plus possible. Il est contaminé au chlordécone», indique Ludjyh Melange. Les 3 hectares sur lesquels paissent ses bêtes sont encadrés de bananeraies appartenant à sa famille : «Mes parents produisent de la banane depuis toujours, et à l’époque, ils vaporisaient du chlordécone comme tout le monde. Depuis, nos sols sont considérés comme une zone à risque moyen.»

La commune guadeloupéenne appartient au croissant bananier de la Basse-Terre. C’est là que de 1972 à 1993, les producteurs du fruit jaune ont répandu du chlordécone, un insecticide organochloré classé «cancérigène possible» par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 1979. Objectif : lutter contre le charançon, un insecte ravageur qui s’attaquait à leurs cultures. Plus de trente ans