Il fait encore nuit noire à la gare routière du Mans, pratiquement déserte. Quelques hommes fument une première cigarette, sourire aux lèvres malgré un réveil aux aurores. La plupart sont des réfugiés soudanais, un Tupperware dans le sac pour leur pause déjeuner. Ils sont bientôt rejoints par d’autres silhouettes venues d’autres horizons : Erythrée, Afghanistan et Mali. Tous attendent un car gris qui ne tarde pas. Le départ est prévu pour 6 h 15 pétantes et pas question de prendre du retard : on les attend dans le sud du département. Leur tâche : cueillir des pommes dans les vergers en manque de main-d’œuvre.
En tout, ils sont une cinquantaine à prendre le bus tous les jours depuis la mi-août et le début d’une récolte précoce. «L’idée m’est venue il y a cinq ans, en voyant une manchette du Maine Libre qui disait que le secteur arboriculteur cherchait des bras pour la récolte», rembobine Brigitte Coulon-Marques, juriste en droit d’asile et directrice de l’association Tadamoon, à l’origine du dispositif. L’opération fut un succès et la recette se répète depuis ch