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Libération
Reportage

Entre la Gironde et la Dordogne, un collectif d’éleveurs prône «une voie du milieu apaisée» pour vivre avec le loup

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Associés à des scientifiques, des élus et des citoyens, des agriculteurs se préparent au retour de «Canis lupus», dont l’arrivée est déjà suspectée mais pas encore avérée dans la région. Et dénoncent le manque d’anticipation de l’Etat.
Eric Guttierrez, éleveur de brebis, avec son troupeau et l'un de ses patous, le 16 janvier à Saint-Christophe-de-Double. (Rodolphe Escher/Libération)
par Eva Fonteneau, Envoyée spéciale à Saint-Christophe-de-Double (Gironde) et massif de la Double (Dordogne)
publié le 24 janvier 2024 à 7h46

Il aura suffi d’un bruit dans les fourrés pour effaroucher les 250 brebis d’Eric Guttierrez, à Saint-Christophe-de-Double, village rural aux confins de la Gironde, de la Dordogne et de la Charente. Le troupeau traverse le champ au pas de course, cloches sonores suspendues à leur cou frêle. Mais Anaye et Tia sont plus rapides. Les deux imposants patous des Pyrénées, âgés de 6 et 1 an, surgissent à l’avant pour arrêter le bétail, comme un parent défendrait ses petits face au danger. Malgré leurs têtes de nounours, les deux femelles ont les gènes de redoutables sentinelles, tous crocs dehors pour défendre le troupeau. Leur sœur adoptive, Bonnemine, 3 ans, se ressource à la ferme avant le prochain roulement.

Pour l’instant, leur rôle se limite à protéger les ouailles de l’éleveur laitier d’éventuels chiens errants ou d’individus mal intentionnés, mais une mission particulière attend les trois chiens : préparer la venue d’un prédateur dont on n’avait plus entendu parler ici depuis la fin des années 30, le loup. «Il gagne du terrain partout en France. On ne sait pas quand, ni où précisément, mais son retour ici est inéluctable. Il est peut-être même déjà là», expose Eric Guttierrez, pointant du doigt le massif forestier de la Double.

L’éleveur, berger transhumant et producteur de fromage bio, dirige le Civam (1) Produire partager manger local, une association girondine qui défend une agriculture durable en plein air. Dès 2018, après une série de décès d’animaux et de clichés