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Libération
Epizootie

Explosion des cas de fièvre catarrhale ovine dans les élevages français, avec 2 000 foyers recensés en un mois

La diffusion de cette pathologie potentiellement mortelle chez les ruminants, surnommée «maladie de la langue bleue», a progressé de manière exponentielle ces dernières semaines, notamment dans l’ouest de la France.
Un mouton atteint de la FCO à Saint-Félix-de-Rieutord, au sud de Toulouse, le 8 août 2024. (Ed Jones/AFP)
publié le 1er août 2025 à 16h50

Dans l’est de la France, dans le pays des deux Savoies, les nouveaux foyers de dermatose nodulaire contagieuse continuent à se multiplier chaque jour, laissant les éleveurs démunis. Car au moindre détecté, l’abattage total du troupeau est décrété. A l’autre bout de l’Hexagone, une autre épizootie fait rage. La diffusion de la fièvre catarrhale ovine (FCO), potentiellement mortelle chez les ruminants, a été exponentielle ces dernières semaines dans les élevages français. Plus de 2 000 foyers de cette pathologie – dont deux sérotypes circulent actuellement en France, la FCO 3 et 8 – ont été recensés en un mois, particulièrement dans l’Ouest, selon les chiffres officiels diffusés ce vendredi 1er août par le ministère de l’Agriculture.

Entre le 1er juin et le 31 juillet, 1 117 cas de la FCO 3 ont ainsi été recensés, surtout en Bretagne, région dense en élevage, et dans une moindre mesure en Bourgogne-Franche-Comté, particulièrement touchée l’an dernier. Ce sérotype apparu en France le 5 août 2024 avait entraîné la contamination de 712 foyers en un mois à partir de son apparition, la saison estivale favorisant les moucherons qui transmettent cette «maladie de la langue bleue». Les cas ont plus que doublé en une semaine entre le 24 et le 31 juillet, alors que le vaccin contre ce sérotype est largement disponible auprès des vétérinaires, explique Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine, association spécialisée de la FNSEA.

Pour la FCO8, endémique depuis plusieurs années en France, 1 060 cas ont été recensés entre le 1er juin et le 31 juillet. Ils ont particulièrement explosé dans le Morbihan qui compte 367 foyers.

L’Etat appelle à la vaccination

Alors que la filière ovine a peiné à se relever de la crise survenue en 2024, le ministère a annoncé ce vendredi avoir commandé pour cette saison sept millions de doses de vaccins contre le sérotype 8 «permettant de vacciner l’ensemble des élevages ovins». Une déclaration qui intervient un mois après le lancement de la campagne de vaccination. «Il est crucial de protéger dès à présent les élevages de ruminants […]. J’appelle tous les éleveurs à vacciner leurs troupeaux», abonde la ministre Annie Genevard, citée dans le texte. Car en plus de la fièvre, des troubles respiratoires, la maladie affecte à plus long terme la fertilité et la production laitière des ovins mais aussi des bovins.

«Le ministère a fait le job, nous avons des vaccins, même s’ils sont arrivés un peu tard, ils sont gratuits pour la FCO8, nous avons obtenu 15 millions d’aides européennes supplémentaires grâce au reliquat du bio pour la filière ovine, qui a beaucoup souffert l’année dernière», assure pour sa part Michèle Boudoin, désemparée devant les éleveurs qui ne vaccinent pas. La Bretagne avait été moins touchée l’an dernier, mais l’éleveuse affirme que le ministère avait anticipé en envoyant des doses dans les zones où l’immunité collective avait peut-être moins pu se développer. «Ce sont des petits élevages dans la région qui risquent d’être décimés et certains éleveurs ne semblent pas avoir reçu le message», ajoute-t-elle.

La Confédération paysanne, troisième syndicat agricole, a, elle, dénoncé mercredi dans un communiqué «une livraison extrêmement tardive de vaccins» et demandé à l’Etat «a minima, de reconduire le dispositif d’indemnisation de 2024, pour tous les élevages (bovins, ovins, caprins) atteints par au moins un sérotype de FCO ou par la Maladie hémorragique épizootique (MHE)». Elle demande également que les pertes indirectes et les frais vétérinaires soient compensés.