Premier producteur de viande bovine en Europe, la France exporte chaque année 1,5 million de bovins vivants, en particulier vers l’Espagne, l’Italie et l’Algérie. Destinés à l’engraissement ou à l’abattage, ces animaux sont transportés dans des conditions régulièrement dénoncées par les associations de protection animale. Une affaire ubuesque, révélée mardi par l’ONG Welfarm, met en lumière les conditions de transport de ces animaux destinés à l’exportation. Depuis le 5 septembre, plus de 780 taurillons sont bloqués au large d’Alger, les autorités algériennes ayant refusé de les laisser débarquer pour raisons sanitaires.
Partis le 3 septembre du port de Sète, les bovins devraient y être renvoyés d’ici la fin de semaine pour finalement être euthanasiés. A l’origine de l’imbroglio, des «différences d’interprétation sur le statut» de trois animaux, a expliqué le ministère de l’Agriculture lors d’un point presse ce mercredi. Alors que ces trois bovins ont été vaccinés contre une maladie, la rhinotrachéite infectieuse bovine, des documents accompagnant leur certificat d’export affichaient qu’ils étaient positifs à cette maladie. «Il n’y a pas de manquement des autorités françaises sur les certificats d’exports», a martelé le ministère, précisant que «les animaux sont sains». «A l’issue de discussions infructueuses, il a été décidé faire revenir le bateau en France», a-t-il poursuivi. Ils y seront pourtant abattus, car ils ont été nourris avec du foin algérien pendant leur attente au large d’Alger. Or, une autre maladie, la fièvre aphteuse, est actuellement présente en Algérie. Même si le risque est minime, les autorités souhaitent éviter tout risque d’introduction de la fièvre aphteuse dans l’Hexagone.
«Conditions d’hygiène catastrophiques»
«Exporter des animaux sur des cargos poubelles : une pratique courante au port de Sète», dénonce l’ONG Welfarm, qui accuse les autorités d’avoir «approuvé ce transport d’animaux au mépris des exigences sanitaires» et affirme que plusieurs animaux seraient morts et que «les cadavres tout comme les déjections des animaux n’ont pas été évacués. Les conditions d’hygiène sont donc catastrophiques.» Interrogé à ce propos, le ministère a indiqué «ne pas avoir d’information particulière» mais que les services vétérinaires inspecteront les animaux à leur arrivée en France.
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Alors que l’ONG appelle à mettre fin à l’exportation d’animaux vivants, le ministère répond que cela «reste un élément important de notre économie» et rappelle qu’une révision des textes aura lieu au niveau européen en 2023. A cette occasion, «des discussions pourront avoir lieu pour évoquer des évolutions de réglementation». Les conditions de transport des animaux vivants, notamment par voie maritime, sont pourtant régulièrement dénoncées. En 2021, 2 600 bovins étaient restés en mer pendant trois mois, rappelle Welfarm. Des bovins espagnols, exportés à bord de deux navires à destination de la Turquie et de la Libye s’étaient vus refoulés à l’arrivée et avaient erré pendant des semaines en Méditerranée dans des conditions déplorables.