En seulement huit jours, du 14 au 22 août, le nombre de foyers de contagion liés à la maladie de la langue bleue – la fièvre catarrhale ovine (FCO), un virus potentiellement mortel chez les ruminants – a été multiplié par quatre. «On fait face à une explosion des cas, mais toujours à proximité des premiers foyers […] dans une zone qui s’élargit peu», tente malgré tout de rassurer le ministère de l’Agriculture, ce vendredi. Dix départements du nord de la France sont désormais touchés par cette maladie, transmissible via des insectes piqueurs, et qui touche essentiellement des brebis et des moutons : Aisne, Ardennes, Haute-Marne, Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle, Nord, Oise, Pas-de-Calais.
Un précédent bilan du gouvernement faisait état de 41 foyers le 14 août, restreint à seulement six départements. En dehors de l’Hexagone, la propagation de la FCO s’accélère également. L’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique sont aussi très touchés par ce virus, qui se manifeste par de la fièvre, des troubles respiratoires, une langue pendante ou encore la perte des petits en gestation et parfois par la mort des animaux, dans des proportions variables d’un élevage à l’autre. Sa détection n’entraîne toutefois pas l’abattage des bêtes, contrairement à la grippe aviaire.
Elargir la zone de vaccination
La fièvre catarrhale ovine, qui n’est pas transmissible aux humains, était déjà présente en France avec les sérotypes 4 (en Corse) et 8 (en France continentale). Mais les cheptels français n’ont au contraire développé aucune résistance au sérotype 3, qui est apparu en France le 5 août, car ils n’y ont jamais été confrontés. Une campagne de vaccination avait alors été lancée dès le lundi 12 août. Or, cette dernière, circonscrite au nord de la France, aurait débuté trop tardivement selon la Fédération nationale ovine (FNO). «On est bien dans une phase d’explosion. On aurait pu vacciner un mois plus tôt pour avoir l’immunité acquise au pic de l’épidémie», fustige Emmanuel Fontaine, en charge des affaires sanitaires à la FNO.
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«Maintenant, il faudrait élargir la zone de vaccination et commander environ 2 millions de doses supplémentaires» pour les ovins, estime-t-il, alors que l’Etat a pour le moment prévu de distribuer 1,1 million de doses pour les ovins et 5,3 millions pour les bovins, en ciblant les régions les plus à risques, au nord de la Loire où les déplacements d’animaux sont soumis à restriction.
Face à l’accélération de la propagation, le gouvernement affirme être «à l’écoute de la détresse des éleveurs» et «n’exclut rien», sans s’engager à passer pour le moment de nouvelles commandes de vaccins. Le ministère de l’Agriculture reconnaît des «lenteurs» dans la première phase de déploiement des vaccins, mais affirme que la campagne de vaccination a démarré «avant l’arrivée des premiers cas» en France.