Le cinquième et dernier jour de la vague de froid actuelle devrait rester dans les mémoires. Comme attendu, la nuit de dimanche à lundi a été la plus glaciale. La France a enregistré les températures les plus froides pour un mois d’avril depuis 1947 selon Météo France, qui a précisé que les dernières mesures étaient en cours de vérification. Il a fait jusqu’à -21°C dans le Doubs, près des montagnes du Jura. Châteauroux (Indre) a battu un record vieux de 121 ans, avec un thermomètre qui a atteint -4,6°C. Le gel a au final touché la quasi-totalité du pays, à l’exception de Paris intramuros et des littoraux méditerranéens et de la Manche.
Sur Twitter, le docteur en agroclimatologie Serge Zaka prédit des pertes «faramineuses» pour l’arboriculture. Alors que les nuits précédentes avaient déjà commencé à faire des dégâts, cette nuit a été encore plus froide que celle du 8 avril 2021, qui avait pourtant été cauchemardesque pour les agriculteurs, qui avaient perdu jusqu’à 100% de leur récolte. Le scénario se répète donc cette année. Le gel vient faucher les bourgeons voire les fleurs, dont le réveil est de plus en plus précoce avec le réchauffement climatique.
[#GelAgricole] Cette nuit a été dévastatrice. Les pertes potentielles (sans lutte) pour l'arbo sont pharamineuses.
— Dr. Serge Zaka (Dr. Zarge) (@SergeZaka) April 4, 2022
-4.6°C à Châteauroux, record sur 121 années.
Cette matinée est, à priori, la plus froide de la climatologie 🇫🇷d'avril, plus froid que le cauchemar du 8 avril 2021. pic.twitter.com/ZQju5BwIcv
La présidente du premier syndicat agricole français, la FNSEA, a confirmé que le gel avait «tapé dur» dans la nuit et aurait des conséquences «très graves» car de nombreuses régions ont été touchées par des températures à -5°C, mortelles pour les bourgeons. Les agriculteurs devraient avoir un premier aperçu de l’ampleur des pertes en fin de matinée.
«Beaucoup d’arboriculteurs sont touchés, ce qui a souffert, ce sont surtout les fruits à noyaux», a dit Christiane Lambert, citant la Dordogne, la Bourgogne, l’Alsace, le Centre-Val-de-Loire, le Lot-et-Garonne et le Maine-et-Loire. «Il faudra un accompagnement» de l’Etat, a-t-elle souligné. Jean Castex a promis dimanche d’aider les agriculteurs touchés par le gel, en demandant au ministre de l’Agriculture de mobiliser «dès le début de semaine» le dispositif des «calamités agricoles».
La prune, la mirabelle, ainsi que tous les autres fruits à noyaux et la pomme seront particulièrement touchés, renchérit Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA. Il a précisé que «pour la vigne, il y avait une précocité qui était moindre, il y avait encore beaucoup de bourgeons qui n’étaient pas éclos». Les dégâts dans les vignes de Bourgogne semblent par exemple limités. Selon lui, la Méditerranée et une partie de la vallée du Rhône ont été plus épargnées grâce au Mistral, qui a maintenu les températures autour de zéro.