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Glyphosate : la Commission européenne veut renouveler l’autorisation de l’herbicide pour dix ans

Bruxelles propose ce mercredi 20 septembre de renouveler l’autorisation de ce désherbant controversé. Son usage devra toutefois s’accompagner de «mesures d’atténuation des risques» aux alentours des zones pulvérisées.
Un agriculteur pulvérisant du glyphosate dans un champ. (Franck Hoermann/Sven Simon. DPA Picture-Alliance via AFP)
publié le 20 septembre 2023 à 13h04

Peu importent les critiques, l’interdiction du désherbant le plus controversé du monde n’est pas pour tout de suite. La Commission européenne propose ce mercredi 20 septembre de renouveler pour dix ans l’autorisation du glyphosate dans l’Union européenne. Le rapport d’un régulateur estime que le niveau de risque du produit du géant de la chimie Bayer-Monsanto ne justifie pas d’interdire cet herbicide controversé.

La proposition de l’exécutif européen sera examinée vendredi par les Vingt-Sept qui devront ensuite la valider à la majorité qualifiée le 13 octobre. Cette proposition précise que l’usage de glyphosate doit s’accompagner de «mesures d’atténuation des risques» aux alentours des zones pulvérisées, en «apportant une attention particulière» aux effets indirects sur l’environnement.

L’autorisation actuelle du glyphosate dans l’UE, renouvelée en 2017 pour cinq ans, expirait le 15 décembre 2022, mais a été prolongée d’un an dans l’attente d’une évaluation scientifique sur l’herbicide. Début juillet, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait finalement publié son rapport, indiquant ne pas avoir identifié de «domaine de préoccupation critique» chez les humains, les animaux et l’environnement susceptible d’empêcher son autorisation. La proposition de la Commission autorise l’usage du glyphosate jusqu’au 15 décembre 2033, soit pour une durée deux fois plus longue que la précédente autorisation, mais en-deçà de la période de 15 ans initialement prévue.

Manque de données

Pour autant, les conditions d’utilisation de l’herbicide devront être assorties de «mesures d’atténuation des risques» concernant les alentours des zones pulvérisées, notamment par la mise en place de «bandes tampons» de 5 à 10 mètres et l’usage d’équipements permettant de réduire drastiquement les «dérives de pulvérisation». De même, Bruxelles fixe des niveaux-limites pour certaines «impuretés» issues du glyphosate.

L’EFSA avait par ailleurs relevé «un risque élevé à long terme chez les mammifères» pour la moitié des usages proposés du glyphosate et reconnu que le manque de données empêchait toute analyse définitive. Pour en tenir compte, la Commission enjoint les Etats, chargées de délivrer les autorisations au niveau national et de fixer les conditions d’utilisation selon les spécificités locales, à «apporter une attention particulière» aux effets sur l’environnement.

Ils seront ainsi tenus d’examiner les «co-formulants» (autres composants présents dans les herbicides autorisés) et d’évaluer l’exposition des consommateurs aux «résidus pouvant être présents dans les cultures successives cultivées en rotation». De même, les Etats sont appelés à prêter attention à l’impact sur les petits mammifères, en envisageant «si nécessaire» des mesures d’atténuation ou des restrictions. S’ils identifient des effets indirects potentiels sur la biodiversité, ils devront examiner si d’autres méthodes de protection des cultures sont possibles, et pourront là aussi adopter des restrictions.

Enfin, ils devront veiller à la protection des eaux souterraines susceptibles d’être exposées via l’infiltration comme aux eaux de surface, notamment celles utilisées pour le captage d’eau potable. En revanche, l’usage pour la dessiccation (épandage de glyphosate pour sécher une culture avant la récolte) est désormais interdit.

Le glyphosate, la substance active de plusieurs herbicides — dont le célèbre Roundup de Monsanto, très largement utilisé dans le monde — avait été classé en 2015 comme un «cancérogène probable» pour les humains par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé. A l’inverse, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a jugé l’an dernier que les preuves scientifiques disponibles ne permettaient pas de classer le glyphosate comme cancérogène.

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