Après la fièvre catarrhale pour la filière ovine, la grippe aviaire vient effrayer les éleveurs de volaille. Le Journal officiel paru vendredi 8 novembre annonce que le niveau de risque lié à ce virus sera relevé samedi de «modéré» à «élevé», le plus fort niveau des trois (le plus faible étant «négligeable»). Autrement dit, le ministère de l’Agriculture prévoit de «renforcer les mesures de surveillance et de prévention» afin d’éviter un risque épizootique. Ce changement de statut prévoit de mettre les volailles à l’abri et de protéger «leur alimentation et leur abreuvement» dans les élevages de plus de 50 oiseaux. Dans les plus petits, ils sont «claustrés et protégés par des filets».
«C’est usant. Tous les ans on stresse et on se demande si on va passer l’hiver», confie Marie*, éleveuse chalossaise, dans le sud des Landes. Dans ce département leader du foie gras et qui produit à lui seul un tiers des canards de France, l’inquiétude est vive. «Il faut apprendre à produire et à travailler avec cette maladie. Mais on ne voit pas le bout du tunnel.» Cela fait des années que les producteurs de canards sont confrontés à cette épizootie. Après une première épidémie de 2015 à 2017, la France connait depuis fin 2020 un nouvel épisode qui ne s’est pratiquement jamais conclu. Des dizaines de millions de volailles ont été euthanasiées, et les pertes économiques se chiffrent en milliards d’euros.
Pas d’abattage mais des zones délimitées autour des foyers contaminés
«Mais pour l’instant, l’abattage, on n’en parle plus. On nous dit simplement qu’il faut délimiter des zones autour des foyers de contamination dans lesquelles on parque nos animaux», souligne Marie. L’éleveuse chalossaise a elle aussi dû se séparer de ses bêtes, mais elle «a toujours gardé espoir de sortir de cette crise grâce au vaccin.» Le gouvernement a décidé de rendre obligatoire la vaccination dans les élevages de plus de 250 canards fin 2023. Une campagne a été lancée début octobre pour 2024-2025, prise en charge à 70 % par l’Etat. «Aujourd’hui, tous nos canards sont vaccinés. Cela a été super mesure, et nous a sortis de la crise. Mais ce n’est pas une solution miracle et on sait qu’il faut apprendre à vivre et à travailler avec la grippe aviaire».
Selon la plateforme française d’épidémiosurveillance en santé animale, le virus de la grippe aviaire a été détecté dans 24 pays européens, et le nombre de foyers touchés est en hausse. Cette année, le premier foyer a été identifié en août dans un élevage d’Ille-et-Vilaine. Puis le virus a frappé le Morbihan avant d’attaquer le Finistère, toujours en Bretagne. Ces dernières semaines, plusieurs foyers sont de nouveau apparus dans le Morbihan. Dans le sud ouest de la France, un cas de grippe aviaire a été détecté dans un élevage des Landes mercredi 6 novembre. Au total, «six foyers de volailles, deux foyers d’oiseaux captifs et dix cas sauvages» ont été identifiés depuis le début de la saison.
*Le prénom a été modifié