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Virus

Grippe aviaire : un troisième foyer détecté en France en une semaine

Le gouvernement a relevé le niveau de risque et appelle la filière «à l’application la plus stricte des mesures de biosécurité».

Dans un élevage de Pruillé-le-Chétif, dans la Sarthe (Pays-de-la-Loire), en 2022. (Jean-François Monier/AFP)
Publié le 17/10/2025 à 11h31

L’automne. Les feuilles des arbres jaunissent et tombent. Les vols d’oiseaux migrateurs traversent le ciel et, avec eux, revient la grippe aviaire. Un foyer de la maladie a été confirmé jeudi 16 octobre dans un élevage de dindes en Loire-Atlantique. Mardi 14, un cas avait été détecté en Seine-Maritime et vendredi 10, un premier foyer avait déjà été déploré dans le Pas-de-Calais. Peu transmissible – pour le moment – à l’humain, le virus reste très surveillé pour éviter une pandémie.

A chaque fois, les oiseaux présents dans l’élevage sont abattus afin d’éviter une propagation du virus et une zone de protection de 3 kilomètres ainsi qu’une zone de surveillance de 10 kilomètres sont instaurées autour de l’élevage. Dans ces zones, le transport de volailles et d’oiseaux captifs est interdit, sauf dérogation accordée par la direction départementale de la protection des populations.

Près de 40 foyers en Europe

L’Etat a aussi pris des mesures en relevant mercredi 15 le risque de «négligeable» à «modéré», deuxième niveau d’une échelle qui en compte trois. Les autorités appellent l’ensemble de la filière «à l’application la plus stricte des mesures de biosécurité pour empêcher le virus d’entrer dans les élevages par les oiseaux sauvages (en cette période de migration) ou les activités humaines». La France n’est pas la seule touchée. Entre le 1er août et début octobre, 37 foyers ont été identifiés dans des élevages de volaille européens, notamment en Espagne (8), Allemagne (7) et Pologne (6).

La saison précédente (2024-2025), 620 foyers avaient été recensés en élevage, loin des pics du début de la décennie. La Hongrie, grande productrice de canard, et la Pologne, leader européen de la volaille, avaient été les principales victimes. En France, le risque avait été considéré comme «élevé» – entraînant notamment le confinement des volailles – de novembre 2024 à mars 2025, avant d’être abaissé à «modéré», puis à «négligeable» en mai.

«Sereins, vigilants mais très optimistes»

Les éleveurs de l’interprofession du foie gras, réunis dans le Cifog, se sont dits «sereins, vigilants mais très optimistes» lors d’une réunion mardi. La vaccination des canards est obligatoire dans le pays depuis l’automne 2023. La France est ainsi passée de 1 800 foyers d’influenza aviaire hautement pathogène entre 2021 et 2023, avec 32 millions de volailles abattues et des milliards d’euros de pertes, à quelques dizaines de foyers ces deux dernières années. Le Cifog alerte toutefois sur «le manque de visibilité» quant à la participation de l’Etat aux campagnes de vaccination. Le coût, estimé à 100 millions d’euros par an, a été pris en charge à 85 % la première année par l’Etat, qui a baissé sa contribution à 70 % fin 2024, puis à 40 % depuis début octobre, ce qui correspond aux coûts de surveillance.

Beaucoup d’éleveurs sont aussi frileux à vacciner pour ne pas se fermer des marchés d’exportation. La filière foie gras doit d’ailleurs recevoir d’ici la fin du mois une délégation japonaise, afin de convaincre cet acheteur majeur de rouvrir ses frontières aux produits issus de canards vaccinés en France.