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Libération
Edito

Incendies: le changement climatique va imposer de faire des choix, et vite

La réalité nous saute à la figure: l’Europe suffoque et les feux ravageurs se multiplient. Il est temps d’agir.
En Espagne, ce lundi. (Isabel Infantes/REUTERS)
publié le 18 juillet 2022 à 21h16

Nous y sommes presque. Dans un de ces films catastrophe à gros budget que l’on regardait il y a quelques années avec des frissons d’angoisse d’autant plus délicieux que la catastrophe nous semblait pure fiction. Cette fois, la réalité nous saute à la figure et les frissons d’angoisse ne sont plus du cinéma : l’Europe suffoque et les incendies se multiplient, ravageurs. Alors que l’Angleterre bat des records de température et que Londres décrète l’urgence nationale, la France ne sait plus comment venir à bout des flammes qui la dévorent du Sud-Ouest jusqu’au Sud-Est. Lundi après-midi, alors que le feu, calmé en fin de semaine dernière, reprenait du côté de la Montagnette (Bouches-du-Rhône) menaçant de nombreuses communes, les flammes continuaient à consumer la Gironde où 16 000 personnes supplémentaires ont dû être évacuées dans la journée.

Les images qui nous parviennent de notre photographe, sur place, montre des pompiers luttant sans répit mais souvent impuissants devant la force du brasier. Comment et pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Des vagues de chaleur de plus en plus denses et répétées. Des moyens matériels insuffisants et trop anciens, seuls deux nouveaux Canadair devraient venir en renfort, d’ici 2025, des 21 avions de la flotte aérienne de la Sécurité civile française. Et des cultures qui favorisent le développement des incendies. Il n’est pas anodin que les deux gros feux en cours concernent des forêts de pins : pins d’Alep en Provence, pins maritimes dans les Landes. L’interview que nous avons recueillie d’un chercheur de l’Inra est très éclairante : si le pin est un arbre très inflammable, il a la particularité de se régénérer vite, à condition que les incendies ne se répètent pas à intervalles trop proches. En gros, en sylviculture comme dans beaucoup de secteurs, le changement climatique va imposer de faire des choix. Et vite.