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Libération
Reportage

«J’ai vu mes serres s’envoler une par une devant moi» : à Mayotte, les agriculteurs face à une terre de désolation

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Cyclone Chidodossier
Un mois après le passage du cyclone Chido, «Libération» est allé à la rencontre de ceux qui nourrissent l’archipel. Tous tentent de se remettre comme ils peuvent d’une catastrophe qui a tout rasé.
Les employés de Christophe et Kathira reconstruisent une des 20 serres détruites par le cyclone. (David Lemor/Libération)
publié le 18 janvier 2025 à 14h44

Sa vanille, Dominique en parle avec des étoiles dans les yeux. Une «merveille», dit-elle, dont elle se plaît à raconter le secret de fabrication : ne polliniser que quelques fleurs par pousse, laisser les balais maturer à l’ombre pendant près de neuf mois, puis les récolter quand ils jaunissent. A Mayotte, ses gousses sont reconnues. Elles ont même reçu fin novembre, des mains du préfet, le prix de la meilleure vanille noire de l’archipel. C’était il y a un mois et demi. Ça paraît dater d’il y a un siècle.

Deux semaines après la remise du prix, le cyclone Chido est passé sur Mayotte. Tout le département a été soufflé. Les exploitations agricoles n’ont pas plus tenu que le reste. Ce jeudi 16 janvier, le champ de Dominique et de son compagnon Wirdane, niché au bout d’une longue route en terre dans le centre de Grande-Terre, est méconnaissable. Chido a tout détruit. De la vanille, il ne reste que quelques gousses miraculées. Il en va de même pour les manguiers, les papayers, les avocatiers, les cocotiers, les bananiers… Les rares arbres encore debout sont déplumés.

«Normalement, ici, tu as de l’ombre partout», assure cette enseignante à la retraite. En ce début de matinée, il fait déjà 30 degrés. Il n’y a pas un abri sous lequel se réfugier. «Et encore, c’est déjà un peu plus vert