Après le succès des manifestations organisées à l’hiver 2023 et 2024, ils ont décidé de reprendre la clé des champs pour faire pression sur le gouvernement, avant même qu’il ne soit formé. Le premier syndicat agricole, la FNSEA, appelle vendredi 26 septembre tous les agriculteurs à une «grande journée d’action». Les raisons de la colère sont nombreuses : «le Mercosur, les taxes imposées par Donald Trump et le flot des importations internationales qui ne respectent pas les normes qui sont les nôtres», a notamment listé le patron du puissant syndicat, Arnaud Rousseau.
Par le passé, la FNSEA avait déjà répété son hostilité à l’accord de libre-échange entre des pays latino-américains du Mercosur et l’Union européenne. Cet accord, dont Bruxelles a lancé début septembre le processus de ratification, doit notamment permettre à l’UE d’exporter davantage de voitures, de machines, de vins et de spiritueux en Argentine, au Brésil, en Uruguay et au Paraguay. En retour, il faciliterait l’entrée de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains, au risque de fragiliser certaines filières agricoles européennes.
«La souveraineté alimentaire et le rappel de l’importance de manger français» sont ainsi au cœur des revendications des agriculteurs, insiste auprès de Libération le secrétaire général des Jeunes Agriculteurs (JA), Quentin Le Guillous. Le syndicat, qui a lui aussi appelé à rejoindre la manifestation, souligne toutefois qu’il «ne s’agit pas de la meilleure période pour mobiliser en nombre les agriculteurs». Et le céréalier d’ajouter : «Les vendanges sont toujours en cours sur de nombreux départements, les céréales vont commencer à être semées, et les récoltes de pommes de terre et de betteraves continuent. C’est une grosse période, si bien que c’est compliqué de mettre tous les départements en marche.»
Par ailleurs, dans une volonté de se démarquer, la Coordination rurale (CR), elle, n’appelle pas au rassemblement, mais exige d’être reçue par le Premier ministre Sébastien Lecornu pour lui présenter ses propositions, avant une mobilisation «avant la fin de l’année». Le 3e syndicat, la Confédération paysanne, a quant à elle annoncé une manifestation à Paris le 14 octobre.
Libération fait le point sur les actions prévues en France vendredi, région par région, alors que des premières actions disparates sont menées dès ce jeudi, notamment à Dijon, sur un rond-point à Chartres ou encore sur les marchés du porc en Bretagne.
Auvergne-Rhône-Alpes
A Grenoble, les agriculteurs se rassembleront à l’appel de la FDSEA devant la préfecture de l’Isère à partir de la fin de matinée, à 11 heures. Du côté de Lyon (Rhône), les blocages prévus ont été annulés en raison de l’apparition d’un foyer de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) dans le département, explique Actu Lyon. Une opération de visite de supermarchés et de contrôle des produits qui ne respectent pas les standards français est malgré tout maintenue par les producteurs de fruits du département. Les producteurs entendent cibler les grandes surfaces, selon BFMTV.
Bourgogne-Franche-Comté
Alors que ce jeudi, une centaine d’agriculteurs se sont déjà donné rendez-vous à Dijon, entraînant d’importantes perturbations de circulation, d’autres actions seront menées vendredi dans la région. En Saône-et-Loire, les syndicats iront notamment à la rencontre des consommateurs dans les supermarchés, notamment au Creusot et à Mâcon. Dans l’Yonne, les agriculteurs visiteront les grandes surfaces à Auxerre. Une même opération d’étiquetage sur les produits importés est prévue dans le Doubs par la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs. Dans le Nièvre, l’autoroute A77 sera bloquée à partir de 11 heures, et un cortège de tracteurs est également attendu dans les rues de Nevers, détaille France 3.
Bretagne
Dans la première région agricole de France, le principal rassemblement sera organisé en Ille-et-Vilaine, en marge d’une réunion du Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (Sage) du département, rapporte les médias locaux. Le rendez-vous est donné à 9 heures, avec des centaines d’agriculteurs attendus à bord de leurs tracteurs. Des ralentissements sont à prévoir sur les routes. Une action est également prévue autour du secteur Saint-Malo dans la matinée. Plusieurs grandes surfaces pourraient être touchées.
Centre-Val de Loire
Dans le Loir-et-Cher, de nombreux blocages seront organisés sur les ronds-points. Une opération escargot est aussi au programme, avec la préfecture de Blois comme point de chute, écrit la Nouvelle République. Dans le Loiret, des actions ponctuelles seront également menées sur des ronds-points stratégiques du département. Dans le Cher, les syndicats agricoles vont, eux, organiser un convoi à travers Bourges pour «occuper le terrain» et «exprimer le ras-le-bol», note France 3.
Corse
Aucune action n’a, à l’heure actuelle, été annoncée en Corse.
Grand Est
Dans le Bas-Rhin, les agriculteurs organiseront vendredi un blocage du marché gare de Strasbourg vendredi à partir de 4 heures du matin et jusqu’à 9 heures, rapporte France 3. Une dizaine de tracteurs et près de 150 personnes sont attendus. A Metz, la FDSEA annonce également un rassemblement devant la préfecture de la Moselle à «l’occasion des funérailles de l’agriculture française», comme le souligne Lorraine actu. En Meurthe-et-Moselle, la mobilisation prendra enfin la forme de rassemblements sur les bords de l’autoroute et sur les ronds-points, mais sans blocage au programme. Enfin, dans les Ardennes, une opération escargot sera menée à Charleville-Mézières.
Hauts-de-France
Dans le département de la Somme, plusieurs opérations «caddies de la honte» seront organisées dans différents supermarchés, afin d’exposer «le fossé entre les normes de production et le contenu des rayons», écrit la FDSEA du département dans son communiqué. Dans le Pas-de-Calais, la mobilisation des agriculteurs se concentrera dans la ville de Saint-Omer, avec une distribution de produits locaux, mais aucun défilé de tracteurs.
Ile-de-France
Dans la région francilienne, la principale action sera menée place d’Armes, à Versailles, juste en face du château éponyme de la ville, alors que «le monde agricole francilien est au bord de l’asphyxie», estime la fédération départementale de la FNSEA dans un communiqué. L’action durera trois heures, de 6 h 30 jusqu’à 9 h 30, pour exprimer un «ras-le-bol collectif». Des tracteurs et du matériel agricole seront notamment regroupés en nombre sur la place, précise le secrétaire général des JA à Libération.
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Normandie
Dans les cinq départements de la région, des contrôles dans les magasins et des opérations d’étiquetage - une action qui peut parfois aller jusqu’à vider les rayons de ces produits – seront au programme vendredi, a fait savoir la présidente de l’antenne régionale de la FNSEA à RCF. Des rencontres entre les agriculteurs et des parlementaires devraient également avoir lieu.
Nouvelle-Aquitaine
Dans les Deux-Sèvres, les agriculteurs se mobiliseront notamment devant la préfecture à Niort dès 11 heures, évoque le Courrier de l’Ouest. Mais dans le reste de la région, peu d’actions seront organisées, en raison d’une période peu propice aux rassemblements : de nombreux agriculteurs, viticulteurs, restent en effet pleinement mobilisés dans les vignes.
Occitanie
Le sud de la France devrait être particulièrement mobilisé ce vendredi. Dans les Pyrénées-Orientales, les agriculteurs ont décidé de se rassembler devant un péage de l’autoroute A9, vers Perpignan, afin de bloquer la circulation à partir de midi, rapporte le site Actu.fr. Du côté de la Haute-Garonne, la FDSEA et les JA de Haute-Garonne prévoient plutôt des rassemblements dès 8 heures, notamment autour du parc des expositions et centre de conventions de Toulouse Métropole.
Dans le Tarn-et-Garonne, des blocages ont déjà eu lieu mardi dernier, et de nouvelles mobilisations sont prévues ce vendredi à Rodez. Dans l’Hérault, une centrale d’achat pourrait être bloquée, selon France 3, près de Montpellier. «L’objectif est de sensibiliser sur les importations dont nous ne voulons pas», indique le représentant de la FDSEA 34. Du côté de la Lozère, aucune mobilisation n’a, à l’heure actuelle, été décrétée.
Pays de la Loire
Peu d’informations ont à ce jour été communiquées sur les actions menées dans la région. Seule certitude : à Angers, dans le Maine-et-Loire, un «banquet de la honte» sera organisé vendredi midi devant les grilles de la préfecture. Le préfet et des parlementaires sont également attendus, évoque Ouest France. Dans la Sarthe, la FDSEA a, elle, décidé de mener des contrôles d’étiquetage dans les rayons des supermarchés.
Provence-Alpes-Côte d’Azur
Alors qu’aucune action n’est attendue dans les Alpes-Maritimes ni dans les Hautes-Alpes en raison d’un emploi du temps chargé des agriculteurs et des éleveurs, une mobilisation sera néanmoins organisée vendredi matin à 8 heures du côté de la chambre d’agriculture du Vaucluse.