Pas de répit pour les canards. La campagne de vaccination de dizaines de millions d’entre eux contre la grippe aviaire a commencé ce lundi, et a été saluée par les producteurs de foie gras. Pour eux, cette immunisation est «une réelle lueur d’espoir qui doit permettre de sortir de l’ornière sanitaire dans laquelle notre filière se trouve», affirme le président de l’interprofession du foie gras Cifog, Eric Dumas, dans un communiqué. Lui-même éleveur de canards, ce dernier recevait lundi matin le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau dans son exploitation des Landes où de premiers canetons devaient être vaccinés.
La grippe aviaire, qui sévit plus largement en Amérique, en Europe, en Afrique et en Asie, a touché la France de 2015 à 2017 puis quasiment en continu depuis fin 2020. Le pays a euthanasié des dizaines de millions de volailles ces dernières années, et les pertes économiques se chiffrent en milliards d’euros. Pour casser cette spirale, la France a décidé de rendre obligatoire la vaccination dans les élevages de plus de 250 canards (hors reproducteurs) à partir du 1er octobre.
Vacciner et exporter
Ces palmipèdes – élevés pour le foie gras ou la viande – sont ciblés car très sensibles au virus. Ils l’excrètent dans l’environnement avant même de présenter des symptômes, ce qui favorise la propagation. La campagne de vaccination «a pour objectif de protéger tous les élevages d’oiseaux et devrait mettre fin aux abattages préventifs d’animaux, que personne ne veut plus vivre», souligne le Cifog. La filière du foie gras «affiche clairement sa volonté : vacciner ET exporter. Son engagement en première ligne dans la lutte contre l’influenza aviaire ne doit en effet pas lui fermer les frontières de certains pays importateurs», poursuit le Cifog.
Récit
La France est le seul pays d’Europe à vacciner des animaux d’élevage contre la grippe aviaire, une démarche qui va lui fermer des marchés à l’export. Le Japon, auparavant le premier marché du foie gras français hors UE, a déjà fait savoir qu’il suspendrait les importations de produits avicoles français. La vaccination est un motif de défiance pour certains pays qui redoutent que le virus circule à bas bruit dans les élevages.