Une décision jugée «difficile» par Lactalis. Le numéro 1 mondial du lait a annoncé mercredi réduire de près de 9 % sa collecte laitière dans les fermes françaises à destination des marchés internationaux. A partir de fin 2024, Lactalis réduira alors «de l’ordre de 450 millions de litres» sa collecte annuelle «de quelque 5,1 milliards de litres» de lait d’excédent auprès des éleveurs français, précise le groupe dans un communiqué.
Pour amortir l’impact de cette décision sur la taille des troupeaux de vache à lait en France, et donner du temps aux éleveurs – malmenés par trois crises sanitaires simultanées – pour s’organiser, le groupe s’engage à ce que la réduction des volumes «soit progressive entre 2024 et 2030». La première étape de réduction porte sur 320 millions de litres et touchera surtout les zones est et sud Pays de Loire d’ici 2026, soit 160 millions de litres de lait, ainsi que le non-renouvellement d’un contrat avec une coopérative à horizon 2030.
Le groupe estime nécessaire «de se recentrer sur les produits de grande consommation français, mieux valorisés car moins sujets aux aléas des marchés mondiaux» alors qu’il était toujours parvenu à «collecter les surplus de lait en France et à les valoriser à l’international». Lactalis pense que la réduction des volumes lui permettra de «mieux valoriser le lait» restant, «en cohérence avec la récente évolution» des formules de prix du lait.
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«Une déflagration pour le milieu laitier», fustige le patron de la FNSEA
Malgré les tentatives du géant du lait de rassurer ses éleveurs, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a réagi ce matin sur France Info à cette annonce, en la qualifiant de «déflagration pour le milieu laitier». Et le puissant patron du syndicat agricole d’ajouter : «Pour nous, l’enjeu, c’est de s’assurer que les producteurs de lait continueront à trouver quelqu’un qui leur collecte le lait». «Quand vous êtes collecté par le numéro un mondial, vous avez le sentiment que vous êtes avec quelqu’un qui est solide […] Il va falloir avoir des discussions. Tout ça n’est pas demain matin, ça va se faire dans le temps. Mais l’objet pour nous, c’est évidemment que ceux qui veulent continuer à produire du lait trouvent une structure qui continue à leur collecter le lait», a-t-il poursuivi, tout en ajoutant qu’il était encore «trop tôt» pour estimer le nombre de troupeaux qui pourraient disparaître.
Lactalis va réduire sa collecte de lait en France : "Une déflagration pour le milieu laitier", réagit le patron de la FNSEAhttps://t.co/hU0kRJZGqM
— franceinfo (@franceinfo) September 26, 2024
Mais pour Arnaud Rousseau, ces difficultés du géant laitier ne sont pas une surprise. Au printemps, et après des années de tensions agricoles sur le sujet, Lactalis avait fini par annoncer une nouvelle formule de calcul du prix du lait revalorisant le prix payé aux éleveurs à 425 euros pour 1 000 litres, en prenant en compte un «prix de revient agricole», c’est-à-dire l’estimation de ce que doit recevoir un éleveur pour pouvoir gagner sa vie. Il avait par ailleurs déjà prévenu qu’il réfléchissait à réduire la production laitière globale.