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Libération
Vœu pieux

Le patron du Salon de l’agriculture refuse toute «récupération» politique de l’évènement

Les agriculteurs en colèredossier
Jean-Luc Poulain, président du Salon international de l’agriculture a demandé mardi 6 février aux responsables politiques de ne pas se livrer à une «récupération facile du malaise agricole» lors de l’événement, qui doit s’ouvrir le 24 février à Paris.
Salon international de l'agriculture 2023 une foire exposition organisée a Paris au parc des expositions de la porte de Versailles. Mercredi 1er mars 2023. (Benjamin Polge/Hans Lucas.AFP)
publié le 6 février 2024 à 15h22

Ou comment demander à un poisson de ne pas nager. Lors d’une conférence de presse de présentation du 60e Salon de l’agriculture (24 février-3 mars), son président Jean-Luc Poulain a déclaré : «je souhaite que les politiques» qui feront le déplacement ne soient pas dans «la récupération facile du malaise agricole, mais porteurs d’échanges et de solutions au-delà de leurs propres intérêts politiques».

Le rendez-vous est depuis des années un point de passage incontournable pour les responsables politiques de tous bords. L’édition 2024 s’annonce singulière, puisqu’elle s’ouvrira quelques semaines à peine après l’éclosion d’un vaste mouvement de colère des agriculteurs dans toute l’Europe, apparu début janvier en France. Alors que les politiques de l’UE sont largement décriées par les agriculteurs, le salon se tient aussi à quelques mois des élections européennes prévues du 6 au 9 juin. En 2023, il avait déjà été mouvementé entre Emmanuel Macron malmené par des militants écologistes, une filière du bio en difficulté et la présence controversée d’Amazon.

«On n’est pas dupes»

Mettre en garde contre la récupération politique, «c’est l’histoire de dire «Nous, dans le monde agricole, on n’est pas dupes»», a expliqué Jean-Luc Poulain. Et d’ajouter : «On sait bien pourquoi certains ou certaines viennent sur les barrages, ou viennent dans les exploitations». Lui-même cultivateur dans une ferme de l’Oise, il déclarait pourtant sur BFMTV samedi 3 février «s’attendre à des échanges musclés avec les politiques».

La FNSEA et les Jeunes agriculteurs, syndicats majoritaires de la profession, ont donné au gouvernement jusqu’à la tenue du Salon de l’agriculture, traditionnellement inauguré par le président de la République, pour concrétiser une partie des annonces du Premier ministre Gabriel Attal, notamment sur les simplifications normatives et administratives.

«Je ne crains pas un salon un peu chaud, je crois à un salon studieux, a par ailleurs déclaré Jean-Luc Poulain. D’ailleurs, les agriculteurs ont montré lors des dernières actions syndicales qu’ils savaient être responsables.» Selon lui, «c’est aussi l’une des clés du succès du mouvement vis-à-vis de l’opinion publique».