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Epizootie

L’épidémie de dermatose bovine s’étend aux Pyrénées, des réunions de crise prévues par le ministère de l’Agriculture

Après la Savoie, la Haute-Savoie, l’Ain, le Rhône et le Jura, cette maladie infectieuse est maintenant présente en Pyrénées-Orientales. Une réunion de crise sous l’égide du ministère de l’Agriculture est prévue vendredi 17 octobre.

A Véranne (Loire), le 6 août 2025. (Romain Doucelin/Hans Lucas. AFP)
Publié le 16/10/2025 à 17h39

Un deuxième front s’ouvre pour les éleveurs, quelques jours après une première levée de la surveillance. Trois foyers de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) ont été enregistrés dans des troupeaux bovins des Pyrénées-Orientales, a annoncé la préfecture ce jeudi 16 octobre. Elle a précisé avoir placé le département sous «zone réglementée» (de 50 km autour de ces différents foyers) mercredi soir.

Les animaux situés dans les foyers touchés devront donc être abattus, ont rappelé les autorités. Les abattages feront l’objet d’indemnisation et les éleveurs «se verront apporter un soutien» par la sécurité sociale agricole. La vaccination de l’ensemble des cheptels du département du Sud-OUest est obligatoire «avec prise en charge financière par l’État» et les mouvements de bovins sont interdits dans une zone de protection de 20 kilomètres autour des foyers.

Le 3 octobre, l’Espagne avait confirmé un premier foyer de DNC en Catalogne, non loin de la frontière française, puis un deuxième le 6 octobre, à quelques kilomètres au nord du premier foyer. Une zone de surveillance avait été mise en place de l’autre côté de la frontière en France.

Au total, le ministère dénombre 86 cas de DNC sur le territoire national, depuis le 29 juin. Mais les 83 premiers se situent dans le massif alpin. La maladie est, en effet, apparue pour la première fois en Europe de l’Ouest en juin, en Sardaigne, avant d’atteindre quelques jours plus tard la France et de s’étendre en Savoie et Haute-Savoie (76 foyers), avec l’établissement de zones réglementées à chaque fois autour des foyers. Les 63 premières communes touchées ne sont sorties de la zone de surveillance établie autour de chaque cas que le 10 octobre, soit trois mois et demi après le premier cas.

«Parlement sanitaire»

Des foyers ont aussi été découverts dans l’Ain (3), dans le Rhône (1) et plus récemment dans le Jura (3) où la ministre de l’Agriculture reconduite, Annie Genevard, se rendra vendredi pour tenir des réunions de crise avec les acteurs locaux puis les préfets. La ministre réunira aussi dans la matinée un «Parlement sanitaire» (Conseil national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale, Cnopsav) qui réunit l’ensemble des acteurs liés à la santé animale (syndicats, vétérinaires, administrations…), a confirmé le ministère aux journalistes.

Plus de 1 700 animaux ont été abattus en France, en vertu d’une stratégie d’abattage total des foyers contaminés, approuvée lors du premier «Parlement sanitaire» dédié en juillet et soutenue par l’alliance syndicale FNSEA-JA, mais très contestée par les syndicats agricoles Coordination rurale et Confédération paysanne. Plusieurs manifestations avaient eu lieu en juillet dernier pour empêcher les vétérinaires de tuer les bêtes.

«L’État est responsable de la multiplication des drames vécus dans les fermes touchées par la DNC», a déploré ce jeudi dans un communiqué la Confédération paysanne face à la multiplication des cas. Le troisième syndicat agricole demandera vendredi un «changement urgent de catégorie de la maladie dans la réglementation européenne», l’accès à la vaccination y compris en dehors des zones réglementées, ce qui n’est pas envisageable à ce stade selon le ministère, et un changement complet de la stratégie d’abattage.

Le taux de mortalité de cette maladie, qui provoque notamment fièvre, nodules et œdèmes, avoisine les 10 % selon différentes sources, mais la fertilité et la production laitière peuvent drastiquement baisser chez les animaux qui l’ont contractée sans en mourir. Les éleveurs attendent de l’État des réponses quant à l’indemnisation des pertes de production et non seulement des bêtes abattues. La FNSEA demandait en plus une défiscalisation des indemnisations pour l’abattage, qui figure dans le projet de budget 2026.