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Crise

Les agriculteurs en colère reçus à Matignon : «Pas de solutions concrètes» annoncées, le mouvement continue

Les agriculteurs en colèredossier
Les présidents de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs ont annoncé ce lundi 22 janvier au soir que les actions de protestation se poursuivraient, en attendant des réponses concrètes.
Arnaud Gaillot, président des Jeunes Agriculteurs, et Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, à leur sortie de réunion à Matignon, ce lundi 22 janvier au soir. (Dimitar Dilkoff/AFP)
publié le 22 janvier 2024 à 20h19
(mis à jour le 22 janvier 2024 à 20h38)

«Les actions se poursuivent.» Après cinq jours consécutifs de blocage de l’autoroute A64 près de Toulouse, et un mouvement qui s’étend à toute la France, les représentants de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA) sont ressortis de Matignon avec une liste de courses. «On a déposé une liste assez longue au Premier ministre», a annoncé le président du syndicat majoritaire, Arnaud Rousseau, accompagné de son jeune confrère Arnaud Gaillot, après leur réunion ce lundi 22 janvier au soir avec Gabriel Attal et le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. Faute de «solutions concrètes», il n’y aura «pas de levée des actions menées sur le terrain», ont-ils prévenu. Et d’insister une nouvelle fois sur les «normes» et «réglementations».

«On a redit qu’on ne se contenterait pas de mots. Ce que les agriculteurs attendent, c’est des actes», a assené le céréalier et président du conseil d’administration du groupe agro-industriel Avril Gestion. Sur un certain nombre de sujets, les deux syndicalistes attendent de Gabriel Attal «que dans la semaine, il puisse faire des propositions». A l’issue de la réunion, dans un point presse, Marc Fesneau a de son côté indiqué qu’il y avait «besoin de réaffirmer une confiance qui doit se traduire dans des actes». Selon les participants, Gabriel Attal s’est également engagé à retourner sur le terrain pour aller voir les agriculteurs.

Hausses des charges, baisses des revenus, surtranspositions européennes, réglementations environnementales jugées trop contraignantes… Les griefs portés par les deux syndicats majoritaires sont nombreux, et varient selon les régions et les filières. Mais, avant même la réunion, le gouvernement avait promis d’agir sur la «simplification administrative» et les normes. La loi d’orientation agricole, qui devait être présentée dès cette semaine en Conseil des ministres, a d’ailleurs été repoussée pour l’enrichir d’un volet sur le sujet. L’idée n’est pas de «repousser la loi mais de la compléter par des dispositions sur la simplification, avec des cas concrets», a répété le cabinet du ministre lundi soir.

«Serpent de mer»

En visite sur une réserve de substitution (une bassine) en Vendée ce lundi matin pour présenter un fonds sur l’irrigation et le stockage d’eau, Marc Fesneau avait déjà esquissé quelques pistes. Parmi les points sur lesquels le gouvernement pourrait agir, le ministre a listé : «les délais d’instruction d’un certain nombre de procédures [qui sont] beaucoup trop longs», le besoin d’identifier «la norme qui est un frein et n’a pas suffisamment d’utilité» et la simplification des dossiers de demande de subventions. Son cabinet a notamment indiqué qu’ils travailleraient sur les «contrôles» des agriculteurs, pour s’assurer qu’ils soient «compris et acceptés».

«La simplification administrative, c’est un serpent de mer. On a un certain nombre de propositions», a enfoncé Arnaud Rousseau. Sans détailler les mesures concrètes de simplification qui seraient proposées, «le plus simple ce sera de juger sur pièces. Il y a un engagement assez fort», a répondu le cabinet du ministre de l’Agriculture. Des annonces sont notamment attendues sur la mise en place de contrôles pour s’assurer du bon respect de la loi Egalim sur la rémunération des agriculteurs, pour que la matière première agricole ne soit plus une «variable d’ajustement». Pour l’heure, les agriculteurs ont réitéré leur mobilisation. Le ministère, lui, s’est engagé à travailler «dès ce soir sur mesures de court terme pour pouvoir apporter des éléments de réponse dans la semaine».

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