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Libération
Reportage

Loïc Madeline, agriculteur bio : «Ça me plaît que les produits de ma terre arrivent sainement dans les casseroles des gens»

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Les agriculteurs en colèredossier
Dans l’Orne, Loïc Madeline, représentant de la Fédération nationale d’agriculture biologique, élève des charolaises et cultive céréales, pommes de terre et légumes secs. Loin de la colère des tracteurs, il raconte qu’on peut vivre de sa terre en changeant d’équation économique.
Dans l’exploitation bio de Loïc Madeline, à Sainte-Honorine-la-Guillaume, dans l’Orne, vendredi. (Camille McOuat /Libération)
publié le 31 janvier 2024 à 20h18

Il faut traverser le village de Sainte-Honorine-la-Guillaume, passer devant la croix de carrefour, longer les clôtures et sillonner quelques centaines de mètres encore le bocage ornais avant d’y parvenir. C’est en haut d’un vallon, en Basse-Normandie. Des vaches charolaises paissent, robe crème et soleil dans le dos, au milieu d’une prairie légèrement détrempée par des jours incléments. Les premiers veaux de l’année 2024 et leurs mères se reposent à l’étable. Un tracteur bleu et une Citroën 2 CV dorment sous le même hangar. C’est calme. La colère rugissante du monde agricole semble bien loin. «Bienvenue à la Bouvetière, mon terrain de jeu à moi. On s’y sent libre au quotidien», dit Loïc Madeline, agriculteur biologique de 47 ans.

L’homme est polyculteur-éleveur depuis 2012. Sur une trentaine d’hectares de terre, il cultive de l’avoine, du blé, de l’orge, des pois, des pommes de terre, un peu de lentilles, et parfois du maïs, sans produits chimiques de synthèse. Ses cinquante hectares restants sont des pâturages sanctuarisés pour son cheptel de trente-cinq vaches à viande. Troupeau dépourvu de traitements antibiotiques et hormonaux. «Je vends mes bovins à une coopérative. Mes céréales aussi, avec une partie réservée à un producteur de porcs bio. Pour mes pommes de terre, je fais affaire avec un restaurant, deux cantines scolaires et deux supérettes, décline-t-il. Ça me plaît de savoir que ce que je produis de mes mains, en travaillant ma terre, arrive sainemen